Une réplique de la porte d'Ishtar sur le site archéologique de l'ancienne ville de Babylone, au sud de Bagdad. (AFP)

Face aux menaces croissantes pesant sur le patrimoine culturel mondial, le Fonds mondial des monuments poursuit ses efforts pour préserver et protéger les sites archéologiques pour les générations futures. Depuis les années 1990, le Fonds mène des projets dans le monde arabe, jouant un rôle actif à travers des restaurations, des formations et un soutien aux métiers traditionnels, ainsi que des programmes favorisant le développement durable. Dans ce cadre, le Dr Elie Flouti, représentant du Fonds dans les pays arabes, a parlé à An-Nahar des principaux projets et défis actuels.

Flouti a expliqué que le Fonds travaille actuellement sur plusieurs projets incluant la restauration de sites historiques menacés de disparition, le soutien aux métiers traditionnels liés au patrimoine, ainsi que le renforcement des infrastructures touristiques durables. Il a souligné que le programme "Liste de surveillance des monuments", réalisé tous les deux ans, est l'une des initiatives majeures, mettant en lumière des sites confrontés à des dangers naturels ou à des défis causés par l'activité humaine. Il a confirmé que la sélection des sites se fait selon des critères précis prenant en compte leur importance historique et culturelle, le niveau de menace, et la possibilité d'avoir un impact tangible grâce à l'intervention du Fonds.

Il a indiqué que l'activité du Fonds dans le monde arabe s'étend sur trois décennies, mentionnant des programmes de formation pour les artisans en Libye, en Irak, au Liban, en Égypte et au Yémen, en plus de projets de restauration remarquables tels que la porte d'Ishtar à Babylone, le musée culturel de Mossoul et la Tekkiye Ibrahim Al-Jalshani au Caire. Il a également ajouté que le Fonds soutient des sites inscrits sur la "Liste de surveillance des monuments" comme la ville de Debdou au Maroc, les réservoirs d'eau traditionnels à Tunis, et certains bâtiments historiques de la ville de Gaza.

Concernant les défis, il a insisté sur le fait que les conflits armés sont parmi les menaces les plus importantes pour le patrimoine, ainsi que le changement climatique provoquant une hausse des températures, l'érosion côtière et des catastrophes naturelles comme les inondations et les ouragans. Il a ajouté que l'expansion urbaine non planifiée et la pression touristique excessive multiplient les risques, tandis que de nombreux pays souffrent de ressources financières et humaines limitées nécessaires à la protection.

En ce qui concerne le rôle des communautés locales, il a affirmé que la préservation du patrimoine ne peut être réalisée sans elles. Il a déclaré que le Fonds travaille à renforcer les compétences des artisans et spécialistes par la formation aux techniques de restauration traditionnelles et modernes, et cherche à impliquer les habitants dans des projets de développement touristique durable, ainsi qu'à organiser des programmes de sensibilisation et à offrir des opportunités d'emploi liées à la préservation des sites.

Sur les mécanismes de coopération, il a indiqué que le Fonds s'appuie sur des partenariats stratégiques avec les ministères de la culture, des antiquités, du tourisme et les municipalités, ainsi qu'avec des organisations internationales telles que l'UNESCO et l'ICOMOS. Il a ajouté que la signature d'accords de coopération à long terme garantit le transfert de connaissances et le renforcement des capacités locales, et permet l'intégration des projets dans les plans nationaux de développement culturel et touristique pour assurer leur pérennité.

Concernant le financement, il a expliqué que le Fonds s'appuie sur un mélange de ressources, comprenant des dons individuels, des partenariats avec des institutions culturelles et à but non lucratif mondiales, ainsi que le soutien des gouvernements et du secteur privé. Il a estimé que la diversification des sources de financement offre une flexibilité dans la mise en œuvre des projets, mais pose des défis liés à leur durabilité face aux menaces croissantes.

Il a conclu en soulignant l'importance de la technologie dans la protection du patrimoine, évoquant le rôle de la documentation numérique 3D pour créer des répliques virtuelles précises des sites archéologiques, et le potentiel de l'intelligence artificielle pour analyser les facteurs de dégradation et prédire les risques. Il a également noté que les applications éducatives et interactives, ainsi que la réalité virtuelle et augmentée, offrent un accès plus large au public, en particulier aux jeunes, renforçant la sensibilisation et l'appartenance culturelle et rendant le patrimoine plus résilient face aux défis présents et futurs.