Deux événements attendus se déroulent côte à côte : les reconnaissances prévues de l'État de Palestine par des pays occidentaux influents, et la possibilité qu'Israël réponde en annexant la Cisjordanie ou de larges parties de celle-ci, ce qui mettrait pratiquement fin à l'idée de la solution à deux États.

La France et l'Arabie Saoudite président la conférence sur la solution à deux États à New York le 22 septembre, en marge de l'Assemblée générale des Nations Unies. On s'attend à ce que dix pays, dont la France, le Royaume-Uni, la Belgique, Malte, le Portugal, le Canada et l'Australie, reconnaissent l'État de Palestine lors de la conférence.

Les États-Unis, qui s'opposent fermement à ces reconnaissances et les considèrent comme une récompense au Hamas, ont imposé des sanctions à l'Autorité palestinienne, alléguant des violations des accords signés avec Israël, notamment que l'État palestinien doit être créé par la négociation et non par une déclaration unilatérale.

Des manifestants pro-palestiniens devant le siège des Nations Unies à New York.

En conséquence, le secrétaire d'État américain Marco Rubio a refusé de délivrer des visas d'entrée à 81 personnalités palestiniennes, dont le président Mahmoud Abbas, l'empêchant ainsi de participer à la conférence sur la solution à deux États et de prononcer un discours à l'Assemblée générale le 25 septembre comme prévu.

Le président français Emmanuel Macron, dont le pays co-parraine la conférence, a jugé la décision américaine de refuser les visas aux responsables palestiniens "inacceptable" et a appelé à son annulation. Il a insisté pour "assurer la représentation palestinienne conformément à l'accord avec le pays hôte".

Cette situation rappelle un précédent survenu en 1988, lorsque les États-Unis ont refusé de délivrer un visa au défunt leader palestinien Yasser Arafat pour s'adresser à l'Assemblée générale, ce qui a poussé les États membres à déplacer la session ordinaire au siège européen de l'organisation internationale à Genève, où Arafat a pu prononcer son discours.

Ce précédent sera-t-il répété pour permettre à Abbas d'assister à la conférence sur la solution à deux États et de s'exprimer devant l'Assemblée générale ?

Alors que les reconnaissances de l'État de Palestine avancent, l'attention se tourne vers la réaction d'Israël à une telle démarche, qui revêt une grande importance symbolique pour les Palestiniens. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a ordonné à ses ministres de ne pas parler publiquement de l'annexion de la Cisjordanie, craignant que le président américain Donald Trump ne retire son soutien à une telle décision qui minerait le concept de la solution à deux États.

Selon le journal israélien "Maariv", Netanyahu devrait tenir une "réunion politico-sécuritaire pour discuter de l'imposition de la souveraineté israélienne sur la Cisjordanie et prendre des mesures contre l'Autorité palestinienne" et contre les pays qui reconnaîtront la Palestine.

Il convient de noter que l'administration Trump n'a pas objecté à la décision du gouvernement israélien de construire 3 400 unités de colonisation dans la zone "E1", qui sépare Jérusalem-Est de la Cisjordanie. Ce projet avait été reporté pendant plus de deux décennies en raison des réserves de Washington, car il empêcherait la création d'un État palestinien viable.

La Cisjordanie ne sera pas la seule scène de la réponse israélienne. Israël a commencé à convoquer 60 000 réservistes en préparation de l'occupation de la ville de Gaza, dans une bataille qui devrait durer plusieurs mois. Ces convocations interviennent malgré une vague de mécontentement parmi les réservistes. Le journal américain "Wall Street Journal" a rapporté que certains réservistes ont cessé de servir pour des raisons incluant un comportement non éthique envers les Palestiniens, tandis que d'autres ont déclaré avoir atteint un point de rupture car "il est impossible d'éliminer le Hamas en raison de ses tactiques de guerre de guérilla".