Depuis plusieurs mois, la Syrie connaît une montée des tensions et des violences qui ont fait jusqu'à présent des milliers de morts et de blessés parmi les civils des minorités vivant dans le pays, ainsi que des cas de pillages, viols et déplacements.

Les Alaouites ont été les premiers à subir la violence sectaire qui a éclaté sur la côte syrienne en mars, avec des milliers de morts et des actes de tuerie, pillage et torture ayant provoqué le déplacement de dizaines de milliers de civils.

Le comité onusien sur la Syrie a déclaré dans son rapport du mois dernier que les violences sur la côte en mars étaient systématiques et à grande échelle, pouvant constituer des crimes de guerre.

La vague de violence s'est étendue à la province de Soueïda, dans le sud de la Syrie, où des affrontements ont eu lieu entre les Druzes d'une part, et les Bédouins et forces loyales au président de transition Ahmad al-Shar'a d'autre part, faisant environ 2000 morts selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

Le cheikh Mowafaq Tarif, chef spirituel druze en Israël, a récemment visité Bruxelles où il a rencontré la présidente du Parlement européen Roberta Metsola et plusieurs responsables européens pour discuter des événements et violences à Soueïda.

Dans une interview accordée à Euronews, le cheikh Tarif a déclaré qu'ils étaient venus porter la voix de leur peuple en Syrie, notamment après les massacres survenus à Soueïda. Il a appelé l'Union européenne, les États-Unis et le monde à contribuer au retour rapide des otages, au retour des déplacés dans leurs foyers et à l'acheminement d'une aide humanitaire à Soueïda.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné les atrocités et violences contre les civils il y a trois semaines, affirmant dans une déclaration unanime que les autorités syriennes de transition doivent garantir la responsabilité de tous les auteurs, indépendamment de leur affiliation, et soulignant l'importance de l'inclusivité et de la transparence dans les processus de justice et de réconciliation pour une paix durable en Syrie.

Le cheikh Tarif a énuméré les violations subies par plusieurs communautés en Syrie, les Druzes étant les derniers, notant que les tensions restent élevées. Il a déclaré : « Il y a eu des attaques et de grands massacres contre les Alaouites, puis des attaques contre nos frères chrétiens, suivies des massacres à Soueïda et ses environs, comprenant meurtres, viols, pillages et vols. Plus de 230 000 personnes déplacées de leurs villages. Aujourd'hui, il y a un grand siège sur Soueïda, sans électricité, eau, médicaments ni lait pour les enfants. »

Dans un contexte de dégradation de la sécurité et de tensions sectaires, Israël a lancé plusieurs frappes aériennes sur Damas et a pris le contrôle de terres dans le sud de la Syrie sous prétexte de protéger la minorité druze, une position que le cheikh Tarif ne conteste pas bien qu'il affirme ne pas représenter le gouvernement de Benjamin Netanyahu.

Il a déclaré : « Nous ne représentons pas le gouvernement israélien. Nous sommes venus ici pour les membres de la communauté druze. » Il a conclu : « Sans intervention israélienne, la communauté druze à Soueïda aurait été anéantie. »

Les Druzes sont une communauté d'environ 1,5 million de personnes dans le monde, réparties en Israël, Jordanie, Syrie et Liban, avec la plus grande population en Syrie. Ils représentent environ 3 % de la population syrienne, principalement concentrés dans la province de Soueïda où ils constituent environ 90 % de la population. En Israël, les Druzes sont environ 150 000, la plupart ayant la citoyenneté israélienne, servant dans l'armée israélienne et occupant des postes militaires et politiques élevés, souvent présentés comme un exemple de coexistence et de tolérance dans l'État juif.