Des membres du Hezbollah lors de l'exercice Aramta (Nabil Ismail, archives).

À l'occasion du deuxième anniversaire de l'opération "Inondation d'Al-Aqsa" le 7 octobre 2023, et suite à la décision unilatérale du Hezbollah d'ouvrir un "front de soutien" qui a entraîné le Liban dans une guerre meurtrière, la question fondamentale revient au premier plan avec le retour des risques de confrontation : qui décide de la guerre au Liban ? Le Hezbollah peut-il entraîner le pays dans un conflit sans décision officielle de l'État ? Cette question dépasse la politique pour toucher à l'essence de la souveraineté, du droit et de la constitution.

Dans ce cadre, l'expert juridique Youssef Abu Touma déclare : "La constitution libanaise est claire et explicite à l'article 65 qui réserve la décision de guerre et de paix au Conseil des ministres réuni. Toute action militaire dépassant la légitime défense ne peut être prise que par une décision officielle documentée, responsable devant le parlement et le peuple. En conséquence, toute entité, quel que soit son nom ou sa position politique, qui engage une action militaire sans délégation gouvernementale est considérée comme un agresseur des prérogatives de l'État et du principe de l'exclusivité de la décision souveraine."

Il ajoute : "La réalité est tout autre. Le parti qui conserve ses armes en dehors de l'autorité de l'armée agit selon des décisions liées à des considérations dépassant les frontières libanaises, connectées à un axe régional dirigé par l'Iran, ce qui signifie que la décision de guerre et de paix est prise en dehors des institutions de l'État libanais."

Il poursuit : "Le Code pénal libanais, dans ses articles (273 et suivants), criminalise toute personne qui exerce des actes de guerre sans mandat de l'autorité légitime, ou qui expose le pays à des actes agressifs. Ainsi, on peut dire que toute action militaire impliquant le Liban dans un conflit extérieur sans décision officielle constitue un crime contre la sécurité intérieure et extérieure de l'État. Cependant, cette règle reste théorique, car la justice libanaise est incapable de l'appliquer en raison de la domination des équilibres politiques et militaires, et de l'absence d'une décision nationale unifiée imposant l'État de droit à tous."

Le résultat effectif de tout cela est que l'État libanais est devenu dépourvu de décision. Le gouvernement ne déclare pas la guerre, ne l'arrête pas, ni ne détermine son étendue. La décision réelle est entre les mains d'une seule partie, qui décide quand commence et quand finit le combat, tandis que les institutions officielles se contentent d'émettre des communiqués de "confinement" ou d'"évaluation de la situation", comme si elles étaient une partie extérieure observant et non un État souverain.

En conclusion, sur le plan légal, le Hezbollah est responsable de toute action qui entraîne le Liban dans une guerre hors de la volonté de l'État.

Dans la réalité, cette responsabilité se perd entre la peur, le silence et la complicité.

Mais il est certain que le Liban, tant qu'il ne décide pas qui détient la décision de guerre et de paix, restera otage d'une guerre qu'il ne veut peut-être pas et d'une trêve qu'il ne décide pas.