L'ancien ministre des Affaires étrangères, l'ambassadeur Nabil Fahmy, a déclaré que le système international actuel est devenu "instable et dysfonctionnel", ne reflétant pas le véritable équilibre des forces dans le monde. Il a expliqué que la structure politique sur laquelle le système mondial a été fondé après la Seconde Guerre mondiale n'est plus adaptée pour relever les nouveaux défis, et que les institutions internationales, en particulier le Conseil de sécurité, ne sont plus capables de remplir leurs rôles.

Fahmy a ajouté lors de son discours au Salon culturel Maspero, diffusé sur la première chaîne samedi soir, que le système international actuel repose sur "un accord politique conclu en 1945 entre les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale", mais que cet accord s'est effondré avec la fin de la guerre froide et la chute de l'Union soviétique. Il a noté que "l'équilibre qui empêchait les affrontements entre grandes puissances a disparu, perturbant l'équation politique et les institutions qui y sont liées."

L'ancien ministre des Affaires étrangères a déclaré que le Conseil de sécurité a complètement perdu son efficacité et n'a pas été en mesure de prendre une seule décision positive au cours des trois dernières années, même sur des questions humanitaires urgentes comme le cessez-le-feu à Gaza, en raison de fortes divergences entre les États-Unis, la Russie et la Chine. Il a considéré cet échec comme "une preuve d'une véritable crise dans le système international."

Fahmy a précisé que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité ne représentent plus l'équilibre actuel des forces, déclarant : "Seuls trois de ces pays restent influents, tandis que la Grande-Bretagne et la France ne figurent plus parmi les cinq principales puissances mondiales, ce qui appelle à une révision complète de la composition du système international."

Il a souligné que ces dernières années ont été marquées par des violations flagrantes du droit international par les grandes puissances elles-mêmes, avec un usage excessif de la force militaire au détriment de la diplomatie. Il a mis en garde contre une course aux armements accélérée entre les puissances mondiales, alors que la Chine et les États-Unis annoncent le développement de nouvelles armes et de programmes nucléaires avancés.

Concernant les questions climatiques, Fahmy a déclaré que "le Moyen-Orient est la région la plus touchée par le changement climatique, en particulier en ce qui concerne la rareté de l'eau et la désertification", soulignant que la gestion de cette question nécessite des solutions internationales, pas seulement régionales, car ses effets dépassent les frontières nationales.

Il a également souligné l'élargissement du fossé entre les pays industrialisés du Nord et les pays en développement du Sud, tant dans la production technologique que dans la capacité à gérer la dette internationale, affirmant que "l'augmentation de l'endettement menace la stabilité économique mondiale et affecte l'équilibre des relations entre les pays."

Fahmy a ensuite abordé la situation au Moyen-Orient, affirmant que la région souffre d'une instabilité chronique mais qu'il y a des signes limités d'amélioration. Il a expliqué que l'un des principaux défis est "la tentative de changer l'identité du Moyen-Orient d'une région à base arabe à une région où les Arabes ne sont qu'un composant parmi d'autres", qualifiant cela de "tendance dangereuse venant des puissances non arabes dans la région."

L'ancien ministre des Affaires étrangères a conclu son discours en soulignant la nécessité pour le monde arabe d'adopter une position active et proactive face aux transformations internationales et régionales, au lieu de se contenter de réagir. Il a insisté sur le fait que la phase actuelle nécessite "une stratégie arabe unifiée pour rétablir l'équilibre dans la région et faire face aux risques mondiaux à venir."