Le président de Madagascar, Andry Rajoelina, a confirmé lundi qu'il se trouve dans un "endroit sûr" et a appelé au "respect de la Constitution", alors que le pays connaît depuis plusieurs semaines des manifestations anti-gouvernementales. C'était son premier discours depuis que des militaires ont rejoint les manifestants ce week-end.

Dans un discours diffusé en direct sur Facebook sans révéler son emplacement, le président âgé de 51 ans a déclaré qu'il était dans un "endroit sûr" après une "tentative d'assassinat".

Il a affirmé que "la seule façon de résoudre ces problèmes est de respecter la Constitution" et a refusé de démissionner en réponse aux appels du mouvement de protestation qui dure depuis le 25 septembre dans cette île "pauvre" de l'océan Indien.

Selon Radio France Internationale (RFI), Rajoelina a pris dimanche "un avion militaire français vers l'île de La Réunion, avant de partir vers une autre destination avec sa famille".

Lors de sa participation à un sommet sur Gaza au complexe touristique de Charm el-Cheikh en Égypte, le président français Emmanuel Macron, interrogé à ce sujet, a déclaré : "Je ne peux rien confirmer aujourd'hui", exprimant une "grande inquiétude" concernant Madagascar.

Macron a ajouté : "Je tiens ici à exprimer notre grande inquiétude et l'amitié de la France envers le peuple malgache (...) Je pense qu'il est très important de maintenir l'ordre constitutionnel et la continuité institutionnelle à Madagascar, car cela concerne la stabilité du pays et les intérêts de son peuple."

Il a poursuivi : "Nous regardons la jeunesse de ces pays avec beaucoup d'admiration et d'affection. Ces jeunes ont exprimé leurs opinions, ils sont politisés et veulent vivre mieux. (...) Ils ne doivent tout simplement pas être exploités par des factions militaires ou des interventions étrangères."

Rajoelina, qui a remporté en 2023 un nouveau mandat présidentiel de cinq ans lors d'une élection boycottée par l'opposition, a accusé "un groupe de militaires et de politiciens" d'avoir tenté de le tuer.

Le discours de Rajoelina a été reporté plusieurs fois lundi en raison de l'entrée d'"un groupe de soldats armés" dans les locaux de la télévision officielle, qui n'a finalement pas diffusé le discours.

Dans son discours, Rajoelina a déclaré : "J'ai dû trouver un endroit sûr pour protéger ma vie aujourd'hui. Dans tout ce qui se passe, je n'ai jamais cessé de chercher des solutions."

Il a souligné qu'il ne nourrit aucune "rancune" envers les personnes impliquées dans la "tentative d'assassinat" et a insisté sur le fait qu'il est ouvert à un "dialogue pour sortir de cette situation."

Rajoelina a rappelé la menace qui pèse sur le pays d'une pénurie de financement international en cas de plongée dans le chaos politique, comme ce fut le cas après le coup d'État de 2009 qui l'a porté au pouvoir pour la première fois.

Au moins 80 % des 32 millions d'habitants de Madagascar vivent avec moins de 15 000 ariary par jour (2,80 euros), soit en dessous du seuil de pauvreté défini par la Banque mondiale.