Avner Ben-Amos, historien de l'éducation à l'université de Tel Aviv, affirme que l'éducation en Israël ignore, à travers les manuels scolaires et les cartes, les sujets de la colonisation, de l'occupation, des accords d'Oslo et tout ce qui concerne l'après 1967, "effaçant" ainsi l'existence des Palestiniens.
L'historien israélien, auteur du livre "Israël... La fabrication de l'identité nationale", a expliqué dans une longue interview accordée à Julie Conan pour le journal La Croix la manière dont le conflit israélo-palestinien est perçu en Israël, notamment après les attaques du 7 octobre 2023.
Dans son analyse critique, l'historien a souligné l'absence de conscience historique, l'utilisation de l'éducation et des médias pour justifier l'occupation, et la déshumanisation des Palestiniens, avertissant des conséquences politiques et morales pour la société israélienne.
Il a expliqué que les attaques du 7 octobre ont été présentées en Israël à travers deux métaphores puissantes : l'Holocauste et les pogroms — ces massacres antisémites en Europe — avec l'idée qu'une minorité faible était ciblée, où des civils juifs innocents ont été tués par une foule violente. Depuis lors, les membres du Hamas sont considérés comme nazis et antisémites.
Cependant, Ben-Amos rejette cette vision, précisant qu'Israël n'est pas une "minorité faible" mais une puissance militaire nucléaire avancée, et souligne que ce cadre narratif est utilisé pour justifier les réactions violentes israéliennes, tout en occultant le contexte politique et historique plus large qui a précédé les attaques.
Il insiste sur le fait que le système éducatif israélien joue un rôle clé dans la suppression du contexte historique du conflit, en particulier après l'occupation de la Cisjordanie et de Gaza lors de la guerre de 1967. Les manuels scolaires ne mentionnent rien sur les colonies, l'occupation, les accords d'Oslo, l'apparition de l'Autorité palestinienne ou l'intention de créer un État palestinien indépendant.
Les cartes scolaires ne montrent que la mer Méditerranée et le fleuve Jourdain, avec de petites taches autour des villes palestiniennes en Cisjordanie, laissant entendre que toute la terre "appartient à Israël" et occultant la souffrance des populations sous occupation, notamment en Cisjordanie, officiellement appelée "Juda et Samarie" en Israël aujourd'hui.
Comme l'image dominante des Palestiniens avant le 7 octobre était qu'ils étaient des "terroristes potentiels", Ben-Amos estime que les attaques ont confirmé cette perception aux yeux de nombreux Israéliens.
L'historien cite un sondage montrant que 64 % des Israéliens ne croient pas à l'existence "d'innocents" à Gaza, reflétant l'ampleur de la diabolisation et de la déshumanisation des Palestiniens, et la légitimation de toutes les formes de punition collective à leur encontre, y compris la destruction systématique des infrastructures à Gaza, ce qu'il qualifie de "nettoyage ethnique" et de "génocide".
Malgré l'ampleur de la destruction et de la souffrance à Gaza, Ben-Amos note un large refus au sein de la société israélienne d'utiliser le terme "génocide" car il est associé dans la conscience collective uniquement à l'Holocauste. L'absence de regard humanitaire sur les Palestiniens rend difficile pour les Israéliens de voir ce qui se passe comme un crime collectif contre un peuple.
L'historien rappelle que le discours sioniste traditionnel, qui marginalise tout ce qui s'est passé entre la souveraineté juive et leur exil, notamment l'existence des Palestiniens en tant que peuple sur la terre, s'est renforcé après 1967 et est devenu partie intégrante du récit national.
Israël n'est plus une véritable démocratie malgré la tenue d'élections, car l'opposition est marginalisée, et les médias et la culture subissent de fortes pressions économiques et politiques, la liberté d'expression est menacée et l'éducation est surveillée.
Ben-Amos a parlé de la confusion délibérée entre la critique d'Israël ou du sionisme et l'antisémitisme, ce qu'il considère comme "dangereux et trompeur", affirmant que chacun a le droit de critiquer la politique israélienne sans être accusé d'antisémitisme.
À la fin de l'entretien, Ben-Amos a exprimé son soutien à la reconnaissance d'un État palestinien, estimant que cela sert la survie d'Israël lui-même, car le maintien d'un seul État de la mer au fleuve sous contrôle israélien conduirait à une guerre civile permanente au sein de la société israélienne. La poursuite de l'occupation entraînera la désintégration interne de la société israélienne.
L'historien conclut par un avertissement : Israël n'est plus une véritable démocratie malgré les élections, car l'opposition est marginalisée, les médias et la culture subissent de fortes pressions économiques et politiques, la liberté d'expression est menacée, l'éducation est surveillée, et la souveraineté de la majorité est utilisée comme prétexte pour faire taire les minorités, ce qui conduit à une dérive vers la dictature.
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