Un homme prépare du pain devant des bâtiments endommagés au nord-ouest de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. (AFP)

L'atmosphère d'optimisme diffusée par le président américain Donald Trump concernant la possible réussite du plan américain à Gaza contraste fortement avec l'accent mis par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sur une seule interprétation du plan, qui exige le désarmement du Hamas et son abandon du contrôle de la bande de Gaza.

Après la première journée des négociations indirectes entre le Hamas et une délégation israélienne dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, Trump a exprimé sa conviction que "le Hamas a accepté des points très importants". Il n'a pas manqué de citer les pays ayant approuvé le plan américain, dont des États arabes, la Turquie, Israël, "et j'ai même reçu un signal très fort de l'Iran" indiquant leur volonté de conclure un accord concernant Gaza.

Netanyahu, dans une interview accordée à un site d'information américain à l'occasion du deuxième anniversaire de la guerre de Gaza, a affirmé qu'il "avait écrasé le Hamas même s'il n'a pas encore été vaincu", promettant de "poursuivre les opérations jusqu'à atteindre cet objectif", qu'il répète comme condition pour mettre fin à la guerre.

Même l'optimisme de Trump a ses limites, lorsqu'il évoque "des lignes rouges : si certaines choses ne sont pas réalisées, nous n'irons pas plus loin", faisant référence à l'accord du Hamas sur d'autres dispositions du plan en vingt points, notamment le désarmement et l'abandon du pouvoir. Ces deux points sont des sujets sur lesquels le Hamas a demandé à négocier, ainsi que les frontières auxquelles l'armée israélienne doit se retirer.

Concernant ces trois points, des responsables arabes ayant rencontré Trump à New York, en marge de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies, confirment que le plan américain qui leur a été présenté utilisait un langage différent de celui annoncé par Trump le 29 septembre, après que Netanyahu a insisté sur des modifications pour accepter le plan.

Dans le plan original, selon le magazine britannique The Economist, une brève section appelait le Hamas à "un engagement total à détruire et à cesser la fabrication de toute infrastructure militaire offensive". Dans le plan modifié, le mouvement doit remettre non seulement les structures "offensives", mais tout son "matériel militaire et terroriste", une expression pouvant s'appliquer à des armes allant des lance-roquettes aux pistolets.

Cependant, lorsque Trump met tout son poids pour appliquer le plan qu'il a lui-même annoncé, il dispose d'un levier lui permettant de surmonter les réserves des deux parties. Lorsqu'il publie une photo d'une manifestation des familles des prisonniers israéliens sur sa plateforme Truth Social et reçoit le prisonnier israélo-américain Idan Alexander à ce moment, il envoie un message clair à Netanyahu que le temps est venu de libérer les prisonniers restants détenus par le Hamas et d'arrêter la guerre.

D'un autre côté, Trump ne peut plus ignorer le mécontentement des pays arabes amis des États-Unis après la frappe israélienne sur le Qatar le 9 septembre dernier, ajouté à la colère européenne due à la poursuite de la guerre, ce qui se traduit par un élargissement de l'isolement autour d'Israël.

Malgré les pressions exercées par Trump, le journaliste du journal israélien Haaretz, Amos Harel, reste prudent en déclarant dans un article lundi qu'"il n'est pas encore possible d'exclure la possibilité que Netanyahu réussisse à faire échouer l'accord, même s'il semble à un stade très avancé".

Si cela se produit, la question qui se pose toujours est : Trump va-t-il affronter Netanyahu ?