Le magazine français Le Monde Diplomatique a révélé de nombreux aspects de la complicité de plusieurs pays européens avec Israël dans sa guerre contre la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023, en lui apportant un soutien militaire, politique et médiatique direct.

Dans un éditorial intitulé « Les coupables et leurs complices », le magazine a déclaré dans son numéro d'octobre que les dirigeants européens ne peuvent pas prétendre ignorer le génocide commis par Israël à Gaza, accompagné de destructions, de déplacements et de privations, ayant causé plus de 65 000 morts, 170 000 blessés et la destruction de 90 % des bâtiments de la bande.

Le Monde Diplomatique a minimisé la reconnaissance par certains pays européens, dont la France et la Grande-Bretagne, de l'État de Palestine, affirmant que les responsables européens n'ont rien fait face aux massacres commis par Israël à Gaza, alors qu'ils avaient l'obligation légale internationale de prévenir le génocide.

Le magazine a noté que la reconnaissance de la Palestine par la France est arrivée très tard et n'incluait aucune menace d'imposer des sanctions à Israël ni de définir les frontières de l'État palestinien reconnu.

Sur le terrain, le magazine a observé que le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a ordonné aux gouverneurs provinciaux de prendre systématiquement des mesures administratives contre tout membre du conseil municipal qui hisserait le drapeau palestinien sur la façade de leur mairie, quelques jours seulement après l'annonce par le président Macron de la reconnaissance de l'État de Palestine.

Le magazine a critiqué le président Macron, affirmant qu'il a permis à deux reprises — en février et avril 2025 — au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de traverser l'espace aérien français, malgré un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale l'accusant de crimes de guerre et crimes contre l'humanité à Gaza.

Au lieu de travailler à l'arrêt de l'agression israélienne à Gaza, le magazine a souligné que les gouvernements de la France, de l'Italie, de la Grèce et de la Belgique ont autorisé des navires transportant des cargaisons d'armes destinées à Israël à accoster dans leurs ports.

Le magazine français a indiqué que l'Union européenne n'a pris aucune mesure en réponse à la guerre d'Israël à Gaza, alors qu'elle envisage actuellement d'adopter le 19e paquet de sanctions contre la Russie — seulement deux mois après le 18e — pour la punir de son invasion de l'Ukraine.

Le magazine reconnaît que seuls les États-Unis peuvent contraindre Israël à arrêter immédiatement ses massacres à Gaza en arrêtant les livraisons d'armes qui constituent la majeure partie de l'arsenal israélien, mais estime que les Européens auraient pu agir dans la limite de leurs moyens pour faire face à Israël, mais ne l'ont pas fait.

Il ajoute que l'UE, en tant que premier partenaire commercial d'Israël, deuxième fournisseur d'armes et l'une des destinations touristiques préférées des Israéliens, aurait pu suspendre les exemptions de visa accordées aux Israéliens, imposer des sanctions individuelles à la plupart de leurs responsables et interdire le matériel militaire.

Les dirigeants européens auraient également pu suspendre l'accord de partenariat et de libre-échange entre l'UE et Israël, en activant l'article 2 qui permet la suspension en cas de violation des principes des droits de l'homme et de la démocratie par l'une des parties.

Les dirigeants européens ne se sont pas rendus complices d'Israël par inaction, mais lui ont fourni un soutien matériel continu, comme dans le cadre du programme « Horizon Europe », où la Belgique continue d'accorder des bourses aux universités et entreprises israéliennes collaborant avec l'armée.

Selon Le Monde Diplomatique, depuis le 7 octobre 2023, l'UE a approuvé plus de 130 projets de ce type, en coopération avec l'industrie aérospatiale israélienne — l'un des plus grands fabricants d'armes du pays — l'Institut Weizmann supervisant le programme d'armes nucléaires israélien, et l'université Ben-Gourion qui travaille en coordination avec l'école de pilotage de l'armée de l'air israélienne.

Sur le plan politique, Le Monde Diplomatique affirme qu'Israël a bénéficié d'un soutien politique européen quasi constant depuis le début de sa guerre à Gaza, les responsables européens s'étant rapidement alignés sur le récit israélien et qualifiant l'attaque du 7 octobre 2023 d'« acte terroriste islamique et antisémite ».

Les dirigeants européens ont constamment affirmé le « droit d'Israël à se défendre », même lorsque l'Iran a attaqué unilatéralement et sans avertissement en juin 2025.

Le magazine français a noté que les responsables européens ont maintenu des relations amicales avec leurs homologues israéliens, le président israélien Isaac Herzog ayant été chaleureusement accueilli ces deux dernières années au palais de l'Élysée, ainsi qu'en Hongrie, en Italie, en Allemagne, en Lettonie, en Lituanie, en Estonie et au Royaume-Uni.

En revanche, Le Monde Diplomatique a déclaré que les pays européens traitent très différemment les militants défendant les Palestiniens qui condamnent le génocide à Gaza et réclament le respect du droit international.

Les autorités en France, en Allemagne et en Italie ont interdit de nombreuses manifestations pacifiques, conférences et marches de soutien à Gaza, convoqué des militants et des élus accusés de justifier les attaques du 7 octobre, les ont détenus et poursuivis pour "tolérance au terrorisme".

Les défenseurs de la Palestine sont également victimes de diffamation en Europe ; depuis le 7 octobre 2023, les élus et militants du mouvement « France Insoumise » sont presque quotidiennement accusés d'antisémitisme dans les médias français de droite comme les chaînes du groupe Bolloré, le magazine L'Obs, le journal Le Figaro et d'autres.