Le magazine Le Point a rapporté que le président français Emmanuel Macron a pris la décision surprenante de réinstaller l'ancien ministre et Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu, suscitant étonnement et mécontentement en France et à l'international.

Cette décision est perçue en France comme un reflet de l'isolement politique de Macron et de son manque d'options, selon le magazine. Jordan Bardella, chef du Rassemblement National, a qualifié la formation du second gouvernement Lecornu de « mauvaise blague, honte démocratique et insulte au peuple français ».

De son côté, Marine Tondelier, secrétaire générale des Verts, a déclaré être stupéfaite que le président « décide de s'accrocher au pouvoir malgré sa défaite aux élections, et de poursuivre une voie que tout le monde sait bloquée, simplement parce qu'il le veut ».

La surprise ne s'est pas limitée à la France. Le journal allemand Bild a estimé que Macron « se piège lui-même », notant qu'il a chargé ses plus proches collaborateurs de trouver une sortie de crise. Il a souligné que la réinstallation de Lecornu intervient malgré les appels à nommer une personnalité de gauche, qui a progressé lors des élections législatives anticipées.

Le journal belge Le Soir a décrit la situation comme « un retour à la case départ », évoquant une « semaine d'impasse et de consultations stériles » menées par Lecornu avant sa réinstallation.

Le choix de la dernière chance

Le journal espagnol El País a vu dans cette décision l'incarnation du style bien connu de Macron « de manipuler les échéances et d'épuiser la patience de ses adversaires », considérant que l'annonce tardive à 22 heures est une preuve supplémentaire du fossé grandissant entre le président et la rue française, « fatiguée de la comédie politique des derniers jours ».

Le journal a ajouté que le président n'a pas seulement irrité le Parti socialiste, mais aussi le parti « Horizons » dirigé par Édouard Philippe et les « Républicains », affirmant que « personne ne voulait Lecornu ».

Au Royaume-Uni, le Guardian a qualifié cette nomination de « choix de la dernière chance », rappelant que Lecornu est devenu le troisième Premier ministre en un an, au milieu de crises politiques continues dues à l'absence de majorité parlementaire, alors que le pays doit adopter un nouveau budget malgré l'absence de gouvernement stable depuis des semaines.

Le journal américain The Washington Post a considéré que la réinstallation de Lecornu s'inscrit dans un « dysfonctionnement politique plus large » lié au manque de majorité de Macron, le rendant incapable de faire passer des lois sans le soutien de ses opposants politiques.

Le journal a estimé que l'échec des Premiers ministres précédents était une conséquence naturelle de la fragilité du projet politique de Macron, tout en mettant en lumière les défis économiques auxquels la France, deuxième économie de l'Union européenne, est confrontée, notamment en matière de déficit et de dette publique.

De son côté, l'agence Reuters a estimé que la France traverse « la pire crise politique depuis des décennies », soulignant que « la tâche la plus urgente pour Lecornu sera de présenter un budget au parlement d'ici lundi », lui accordant des « pouvoirs absolus » du président.