Des images montrent des enfants palestiniens au coucher du soleil dans le camp de réfugiés d'Al-Bureij, au centre de la bande de Gaza (AFP)

Le sommet arabe s'est tenu à Beyrouth, au Liban, en 2002, au cœur de la guerre israélienne contre le peuple palestinien, de l'Intifada d'Al-Aqsa, du siège du président Yasser Arafat et de l'invasion des villes palestiniennes. C'était le premier sommet depuis la signature de la "Déclaration de principes" connue sous le nom d'"Accords d'Oslo" en 1993. L'ordre du jour comprenait la discussion de "l'Initiative de paix arabe", qui considérait la paix comme le choix stratégique des Arabes en échange du retrait israélien des terres arabes occupées en 1967, en application des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l'ONU, et en harmonie avec les décisions de la conférence de paix de Madrid de 1991 et le principe de la terre contre la paix.

La réponse israélienne, dirigée par le Premier ministre de l'époque Ariel Sharon, fut d'empêcher le président Arafat de quitter Ramallah pour assister au sommet, d'imposer un siège complet à la Muqata'a (le siège de l'Autorité palestinienne), où il se trouvait jusqu'à son assassinat, suivi de l'invasion et de la réoccupation de toutes les villes et de la commission de massacres contre les camps palestiniens, notamment le massacre du camp de Jénine en 2002, et le siège de l'église de la Nativité à Bethléem.

Ces scènes horribles ont été diffusées en direct lors de la réunion des dirigeants arabes à Beyrouth. Malgré ces meurtres, arrestations, destructions des sièges de l'Autorité palestinienne, invasions, et le plan de Sharon d'occuper villes, camps et villages, de persécuter les combattants de la résistance, d'assassiner des militants et de détruire les infrastructures palestiniennes, le 14e Conseil du sommet arabe a approuvé l'Initiative de paix arabe comme choix stratégique et principe de la terre contre la paix. La question principale reste : que reste-t-il de la terre ?

La carte de Smotrich

Le ministre des Finances israélien d'extrême droite Smotrich a tenu une conférence de presse demandant la souveraineté israélienne sur les terres palestiniennes. Lors de la conférence, il a présenté une carte montrant la superficie des terres que le gouvernement israélien devrait annexer comme terres non habitées, représentant 82 % de la Cisjordanie, laissant 18 % comme cantons à forte densité palestinienne, gouvernés par une autorité palestinienne, des clans ou d'autres entités, à condition qu'ils ne constituent pas une menace pour la sécurité israélienne. Selon lui, cela applique le droit historique et religieux sioniste en annexant la Judée et la Samarie (la Cisjordanie) à l'État d'Israël.

Smotrich a estimé que les conditions sont mûres et appropriées pour l'annexion et la souveraineté sur la terre, ce qui pourrait ne pas se reproduire. Cette étape la préservera pour les générations juives futures et fera entrer Netanyahu dans les livres d'histoire. C'est le rêve des partis nationalistes et sionistes religieux extrémistes qui dirigent Israël et commettent les pires massacres et génocide à Gaza depuis 22 mois, sans que la conscience humanitaire mondiale ne soit éveillée, sauf par des positions européennes timides éclipsées par des manifestations dans leurs capitales, à la veille des élections parlementaires dans la plupart de ces pays.

Principe de la terre contre la paix : possible ?

Le gouvernement israélien de droite dirigé par Netanyahu, connu comme la coalition la plus extrémiste de l'histoire du pays, a approuvé un programme pour mettre fin au conflit en mettant fin à la cause palestinienne, en effaçant l'identité politique palestinienne et en déplaçant le peuple de sa terre soit par la mort, comme dans la guerre génocidaire à Gaza avec plus de 63 000 martyrs, plus de 10 000 disparus sous les décombres et plus de 160 000 blessés, en plus des maladies répandues dues aux conséquences de la guerre, du siège, du manque de nourriture et de médicaments, de la contamination de l'eau et de l'effondrement systématique du système de santé par l'occupation israélienne ; soit par le déplacement, qui se produit dans les deux parties du pays à Gaza et en Cisjordanie par la politique de meurtre, destruction, siège, rendant les terres palestiniennes invivables par la famine, la confiscation des terres, les attaques quotidiennes des colons sur les propriétés palestiniennes, les fermetures et le siège des villes et campagnes palestiniennes avec plus de mille points de contrôle en Cisjordanie.

Le gouvernement israélien a également approuvé le "projet E1" pour développer l'infrastructure des colonies, reliant les colonies par des routes et des ponts, confisquant des centaines de milliers de dunams et coupant les villes et villages palestiniens.

Face à ces projets de colonisation et plans mis en œuvre sur le terrain, la formule terre contre paix est-elle encore possible et acceptable ? Netanyahu a déclaré à plusieurs reprises publiquement son désir de voir une Grande Israël du Nil à l'Euphrate et de remodeler le Moyen-Orient. Ces déclarations s'alignent sur la vision de l'ancien président américain Donald Trump de faire de Gaza la Riviera du Moyen-Orient, de déplacer les Palestiniens et d'étendre les Accords d'Abraham pour imposer la paix par la force, ce qui signifie la paix sans la terre. Alors nous demandons : que reste-t-il du sommet de Beyrouth et du principe de la terre contre la paix ? Les dirigeants arabes l'accepteront-ils ? Les jours à venir pourraient répondre à ces questions.