À l'approche de l'inauguration du barrage de la Renaissance, les eaux du Nil Bleu au Soudan ont reculé de manière sans précédent cette année, entraînant l'apparition d'îles dans son cours. Cela est inhabituel car le Soudan n'a pas connu les crues typiques du Nil Bleu pendant la saison d'automne de juillet à octobre.

Les opérations de remplissage du barrage éthiopien de la Renaissance, qui est achevé et doit être inauguré à la mi-septembre, ont retardé et retenu de grandes quantités d'eau de crue.

Le Soudan connaît habituellement des pluies abondantes et des inondations sévères chaque année entre juillet et octobre.

Le ministre éthiopien de l'eau, de l'irrigation et de l'énergie, Habtamu Arega, a annoncé l'achèvement de toutes les étapes de construction et de remplissage du barrage de la Renaissance, confirmant que le pays se prépare à une célébration nationale.

Dans une interview à la télévision d'État éthiopienne, le ministre a expliqué que le barrage représente un projet intégré entre les pays en amont et en aval, soulignant qu'il est un outil de coopération, d'avantages mutuels et de résolution des différends plutôt qu'une cause de conflit, comme cela a été parfois présenté.

L'ingénieur Abubakr Mohamed Al-Mustafa Fadlallah, expert et consultant en infrastructures, ressources en eau, barrages et environnement, a déclaré que le débat autour du barrage de la Renaissance est principalement lié aux crues du Nil Bleu, qui représentent environ 50 % des eaux du Nil s'écoulant vers le nord jusqu'à son embouchure en Méditerranée sur le territoire égyptien.

Dans une interview à Radio Dabanga, il a expliqué que le barrage de la Renaissance a un impact important sur le Soudan car il retient l'eau provenant des hauts plateaux éthiopiens pendant la période des crues de juillet à octobre, avec une capacité de stockage de 74 milliards de mètres cubes.

Il a indiqué que ce volume est utilisé via 13 turbines pour produire de l'électricité, chacune consommant environ 20 millions de mètres cubes par jour, ce qui organise les débits du fleuve tout au long de l'année au lieu du grand afflux saisonnier. L'eau stockée pendant la saison atteint entre 50 et 54 milliards de mètres cubes par an.

Al-Mustafa a ajouté que le processus de remplissage a commencé il y a cinq ans, et que le barrage se situe actuellement à une altitude de 637 mètres au-dessus du niveau de la mer avec une capacité de stockage proche de 69 milliards de mètres cubes. La capacité maximale devrait atteindre 640 mètres, équivalant à 74 milliards de mètres cubes, prévue pour la mi-septembre, date prévue pour l'inauguration officielle.

L'expert a souligné que la coordination entre le Soudan et l'Éthiopie est durable en raison de leur proximité géographique, notant que la distance entre le barrage de la Renaissance et le barrage de Roseires ne dépasse pas 150 kilomètres, et que les conditions climatiques et humaines dans les deux zones sont similaires.

Il a confirmé la volonté de l'Éthiopie de fournir au Soudan des informations relatives au barrage, soulignant l'existence de comités techniques conjoints entre la région du Nil Bleu et Benishangul « la zone du barrage » depuis plus de 20 ans, où l'Éthiopie fournit des informations qui affectent directement le barrage de Roseires et les conditions hydriques au Soudan, positivement ou négativement.

Les déclarations d'Al-Mustafa concordent avec celles du ministre éthiopien de l'eau, qui a déclaré que son pays veillait à ne nuire à aucune partie durant les phases de construction du barrage, mettant en avant un échange direct d'informations avec le Soudan et garantissant la continuité de l'écoulement de l'eau sans aucune pénurie.

Al-Mustafa a ajouté que les relations historiques entre les deux pays reposent sur la communication et la proximité, tandis que le plus grand différend reste entre l'Égypte et l'Éthiopie, Le Caire considérant que l'exploitation du barrage a été unilatérale sans accord contraignant garantissant sa part d'eau, ce qui constitue une menace pour sa sécurité hydrique.

Il a appelé à dissocier la position soudanaise de celle de l'Égypte et à privilégier les intérêts nationaux soudanais, limités aux aspects techniques et opérationnels pour garantir la sécurité du barrage de Roseires et réguler les flux loin des tensions politiques.

Dans l'interview à Radio Dabanga, Al-Mustafa a expliqué que l'un des avantages les plus importants du barrage de la Renaissance pour le Soudan est la régulation du débit d'eau afin que les flux soient répartis tout au long de l'année avec une moyenne comprise entre 170 et 200 millions de mètres cubes par jour, au lieu de se concentrer pendant les mois de crue.

Il a souligné qu'avant la construction du barrage, le débit maximal entre le 15 août et le 15 septembre dépassait 500 millions de mètres cubes. Le déversoir est situé à une altitude de 626 mètres au-dessus du niveau de la mer, tandis que le niveau maximal de retenue d'eau est de 640 mètres. Il est actuellement à 637 mètres et devrait atteindre le niveau maximal en septembre avec l'ouverture officielle du barrage.

L'expert en eau et barrages a confirmé que le barrage de la Renaissance apporte de grands bénéfices au Soudan, notamment en retenant de l'eau que le Soudan ne peut pas stocker. La capacité de stockage du barrage de Roseires est de 7 milliards de mètres cubes, tandis que celle du barrage de Merowe est de 12 milliards, principalement destinée à la production d'électricité et non à l'agriculture.

Il a ajouté que la présence d'eau à des niveaux élevés toute l'année dans le barrage de Roseires, grâce aux flux réguliers du barrage de la Renaissance, permet au Soudan de pomper et de prélever de l'eau à moindre coût électrique et en plus grande quantité, en plus de bénéficier du barrage de Sennar via les canaux de Managil et Gezira, ce qui favorise l'expansion agricole et l'intensification des cycles de culture, notamment dans les projets Gezira et Managil, ainsi que l'amélioration de l'exploitation des barrages soudanais et la consommation d'électricité éthiopienne bon marché.