Les livres d'histoire soudanaise indiquent qu'Ismail al-Azhari est considéré comme le premier Premier ministre du Soudan, ayant occupé son poste entre 1954 et 1956, période marquant l'évolution vers l'indépendance du Soudan, proclamée le 1er janvier 1956. Depuis ce gouvernement de transition dirigé par al-Azhari, plus de 90 gouvernements centraux et régionaux se sont succédé au cours des 69 dernières années, sans statistiques officielles précises.

Chaque Premier ministre ayant gouverné le pays a rempli l'espace public de déclarations grandioses et de promesses vaines. Des dirigeants qui se sont fait remarquer par leurs discours et engagements ont suscité débats et colère dans les années 60 et 70, les citoyens constatant un grand écart entre promesses et actions. Avec le temps et l'apparition de nombreux dirigeants, le peuple s'est habitué à un climat de mensonges et de désinformation, voyant chaque Premier ministre suivre la même voie de déclarations sans sincérité ni engagement, et de mensonges sans honte.

Ce qui précède sert d'introduction à la déclaration provocatrice du Premier ministre Kamel Idris, qui a affirmé que « la ville d'Omdurman est devenue plus sûre que Paris » !! Cependant, il semble que Kamel ne consulte pas les journaux et sites soudanais qui publient régulièrement des nouvelles sur le chaos sécuritaire sévère qui frappe le pays de bout en bout. Malgré la destruction à Khartoum, la capitale vit au rythme de crimes incessants jour et nuit, et des dizaines de milliers d'habitants dans diverses zones de Khartoum ignorent s'ils verront un nouveau matin plein d'espoir.

Au Premier ministre Kamel, je dédie un article publié par le journal « Al-Tayyar », un article récent datant du 11 août 2025, pour lui faire connaître la réalité qui l'entoure : « Khartoum... la capitale de la peur et du pillage armé » - Khartoum, autrefois vibrante avant la guerre, se transforme lentement en une ville fragmentée habitée par la peur, où l'État est absent. La situation sécuritaire effondrée a révélé l'apparition de nouvelles catégories de pilleurs, comprenant des gangs civils formés pendant la guerre par des criminels évadés de prison, ainsi que des groupes en uniforme officiel mais n'appartenant à aucune autorité connue.

Selon des rapports fiables d'organisations de défense des droits humains, les violations contre les civils à Khartoum ont continué même après le retrait des Forces de soutien rapide, suggérant qu'elles sont perpétrées de l'intérieur même de l'institution militaire régulière. Un rapport de l'Alliance soudanaise pour les droits (Sudanese Alliance for Rights - SAR) en avril 2025 a documenté des dizaines de cas où des soldats en uniforme officiel des Forces armées soudanaises ont commis des violations dans des zones telles que Al-Kalakla, Al-Sahafa et Al-Hattana. Ces violations comprenaient des perquisitions domiciliaires, des pillages et l'intimidation des habitants, souvent en plein jour, sans aucune résistance ni intervention officielle. Le rapport annuel de Human Rights Watch a également noté une augmentation des cas de pillage dans les zones où l'armée est intervenue après le retrait des Forces de soutien rapide.

Des témoignages d'habitants d'Omdurman et de Khartoum ont confirmé que des soldats de l'armée ont participé au pillage de biens privés et au cambriolage de maisons vides. Beaucoup ont exprimé leur frustration face à l'absence de responsabilité au sein de l'institution militaire, ce qui indique une complicité ou du moins un « silence institutionnel ». Parallèlement à ces rapports, des témoignages quotidiens de citoyens soudanais sur des plateformes de médias sociaux comme Reddit documentent des cas répétés de pillages commis par des soldats de l'armée dans les quartiers d'East Nile et d'Omdurman. Une citoyenne raconte : après le départ des Forces de soutien rapide, nous avons enfin pensé pouvoir nous reposer, mais des membres de l'armée sont entrés dans les maisons, les ont fouillées, ont pris des meubles et de l'or, affirmant qu'il s'agissait d'une procédure de routine.

Cette réalité rend difficile la distinction entre ceux qui sont censés protéger et ceux qui commettent des violations, surtout dans un contexte d'effondrement de l'autorité centrale, de multiplication des groupes armés et de mélange des uniformes officiels avec des gangs civils. Le Forum des médias soudanais et ses institutions membres publient ce matériel préparé par le journal Al-Tayyar pour refléter la dégradation sécuritaire et le coût élevé payé par les citoyens de Khartoum même après l'arrêt des opérations militaires entre l'armée et les Forces de soutien rapide, soulignant l'absence totale d'éléments de police et de procureurs, ce qui élimine toute voie légale de recours.

Ceux qui suivent attentivement l'histoire des chefs de gouvernement du Soudan constatent que Sadiq al-Mahdi et Bakri Hassan Saleh ont été les Premiers ministres les plus inefficaces, le coup d'État de juin 1989 étant attribué à la faiblesse de la personnalité de Sadiq et à son incapacité à contrôler le chaos sécuritaire. Aujourd'hui, on espère que Kamel Idris ne suivra pas leurs traces ni ne cédera au pouvoir militaire, qu'il cesse de faire des déclarations mensongères et des promesses vaines. Il doit savoir qu'il est sous une forte surveillance populaire, et personne ne lui permettra de faillir ou de négliger ses devoirs, notamment celui de rétablir la sécurité et la sûreté dans tout le pays, pas seulement à Khartoum, qu'il a qualifiée de « plus sûre que Paris ». J'espère qu'il s'excusera pour sa déclaration insensée.

Note, Kamel : la Paris sûre accueille toujours les réfugiés fuyant leurs pays misérables.