La gouvernorat de Gabès a connu de vastes manifestations ces deux derniers jours suite à l'aggravation des cas d'asphyxie parmi les élèves et les habitants en raison des émissions de gaz toxiques provenant du complexe chimique de Ghannouch, mettant en lumière l'une des questions environnementales les plus graves en Tunisie.
Les habitants expriment leur mécontentement face à la persistance des cas d'asphyxie causés par la pollution, malgré les promesses répétées du gouvernement de fermer les unités de production polluantes du complexe. La situation reste tendue avec un calme prudent, dans un contexte d'alerte sécuritaire et de rassemblements continus des habitants sur les places publiques, attendant les décisions officielles à venir.
Selon des témoins, des unités de l'armée nationale sont déployées autour des installations sensibles et des institutions publiques de la région en prévision de toute escalade possible, notamment après des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ayant utilisé du gaz lacrymogène à la fin de la semaine dernière.
Les manifestants ont scandé des slogans dénonçant les politiques de l'État envers la gouvernorat, tels que « Gabès libre... et le complexe dehors », « Gouvernement honteux... le cancer dans chaque maison » et « Ministre sans décision... va chez lui ».
Le complexe chimique de Gabès est en activité depuis les années 1970 et constitue un pilier majeur de l'industrie chimique tunisienne, produisant des engrais et des dérivés du phosphate. Cependant, son activité est associée à une pollution grave qui a transformé la ville d'un paradis en un véritable enfer.
Escalade potentielle
Malgré le blackout, les traces du chaos restent visibles dans les rues de Gabès, avec des restes de pneus brûlés et des barricades érigées par les manifestants au cours des deux dernières nuits, tandis qu'une couche de cendres et de gaz recouvre les traces des affrontements entre la police et les habitants.
Les militants n'excluent pas une escalade des manifestations dans les prochains jours, affirmant que les mouvements des habitants continueront de croître et que toute tentative d'ignorer ou de réprimer les revendications ne fera que renforcer leur détermination à récupérer leur droit à un environnement sans pollution.
Le militant environnemental Khaireddine Debia a déclaré à Al Jazeera que la ville connaît un calme prudent après la récente vague de manifestations, notant que la colère persiste parmi les habitants malgré l'absence d'affrontements.
Les manifestants demandent l'arrêt de toutes les unités de production appartenant au complexe chimique suite à des fuites dangereuses ayant provoqué des cas d'asphyxie parmi les habitants ces derniers jours.
Les habitants ont perdu confiance dans les promesses répétées du gouvernement depuis 2017 concernant le démantèlement des unités polluantes, considérant toutes les solutions proposées comme des rustines ne traitant pas la racine du désastre environnemental.
Le citoyen Abdelkarim Al-Jamaei, chauffeur de taxi de 45 ans, a déclaré que la situation est devenue insupportable. Il souffre de difficultés respiratoires et son fils asthmatique a été hospitalisé plusieurs fois. Il a ajouté qu'aucune famille à Gabès n'est épargnée du cancer causé par les gaz toxiques.
Hanane Al-Abidi, enseignante de 38 ans vivant près de l'usine chimique à Ghannouch, a décrit la souffrance des élèves due à la toux et à l'asphyxie pendant les cours, soulignant que ces incidents représentent un danger direct pour la santé et nécessitent une action urgente des autorités.
Depuis le 9 septembre, Gabès a connu des incidents répétés d'asphyxie toxique, le mouvement "Stop Pollution" ayant signalé des dizaines d'élèves et citoyens affectés à Ghannouch et Plage Salam.
Le conseil local élu de Gabès a reconnu les dommages causés par le complexe et a appelé au démantèlement des unités polluantes, exhortant les habitants à maintenir le caractère pacifique des manifestations en réponse à certains manifestants ayant incendié des pneus et bloqué des routes.
Récemment, le syndicat régional du travail de Gabès a publié une déclaration exprimant son inquiétude face à la détérioration de la situation sanitaire due au manque d'entretien des équipements et à l'âge avancé de certaines usines.
Gaz toxiques
Le spécialiste des maladies pulmonaires, le Dr Saleh Al-Nouri, a confirmé que les émissions gazeuses du complexe chimique représentent un danger direct pour la santé des habitants, contenant des composés chimiques toxiques tels que le dioxyde de soufre, l'ammoniac et des atomes de phosphore qui provoquent des inflammations chroniques des voies respiratoires.
Ces gaz augmentent les cas d'asthme, d'allergies et de difficultés respiratoires, en particulier chez les enfants, les personnes âgées et les patients atteints de maladies chroniques des poumons ou du cœur. Une exposition continue affaiblit le système immunitaire et augmente le risque de cancers précoces.
Les militants environnementaux soulignent que respirer à Gabès signifie inhaler un mélange toxique de gaz et de produits chimiques, dont l'acide sulfurique, le dioxyde de carbone, l'ammoniac et les métaux lourds, ce qui affecte négativement la santé des habitants, l'agriculture et la mer, devenue une véritable tombeau pour le phosphogypse.
Les organisations environnementales indiquent que le complexe déverse environ 15 000 tonnes de phosphogypse par jour dans la mer, transformant la baie de Gabès en l'une des zones les plus polluées de la Méditerranée.
Malgré les témoignages sur le terrain et les rapports documentant la propagation du cancer, des maladies respiratoires et de l'ostéoporose à Gabès, les autorités tunisiennes continuent de refuser de publier des données actualisées clarifiant l'ampleur du désastre sanitaire.
Promesses répétées
Lors d'une réunion avec la ministre de l'Industrie et des Mines Fatma Thabet Chaaboub et le ministre de l'Environnement Habib Obeid, le président Kais Saied a appelé à "réparer ce qui doit être réparé dans les plus brefs délais", soulignant que la situation à Gabès ne peut plus supporter de retard.
Cependant, l'absence de décisions exécutives concrètes accroît la frustration dans la rue, au milieu des appels des habitants à un mouvement national global pour sauver la ville, que certains décrivent comme "étouffant lentement".
Hisham Al-Ajboni, dirigeant du parti d'opposition Courant démocratique, affirme que la situation environnementale à Gabès se détériore malgré les réunions présidentielles répétées depuis 2020, soulignant que les discours n'ont pas été traduits en réalisations concrètes, ce qui renforce la politique de négligence et de procrastination.
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