Avec le début de la nouvelle année scolaire, des familles marocaines se retrouvent face à des questions inquiétantes concernant les difficultés rencontrées par leurs enfants dans leur apprentissage. Alors que de nombreux parents attribuent l'échec ou la réussite difficile des enfants à la paresse ou à un manque de capacités, des spécialistes confirment l'existence de ce qu'on appelle les "handicaps invisibles", qui sont souvent la véritable cause des difficultés scolaires de l'enfant.

Les experts s'accordent à dire que faire face à ces handicaps invisibles nécessite une large prise de conscience sociale et une étroite collaboration entre les familles, l'école et les professionnels médicaux et éducatifs, afin que les enfants concernés ne soient pas laissés à la marge ni à l'échec scolaire, ce qui représente un danger pour leur avenir et leur vie.

Le Dr Abdelilah Madani, spécialiste en pédiatrie, a souligné dans son entretien que "50 % des enfants, s'ils sont bien nourris, bien habillés et vivent dans des familles socialement stables, il n'y a aucune raison logique qu'ils échouent".

Madani a expliqué à Hespress : "Quand un enfant échoue à l'école, cela ne signifie pas qu'il est paresseux ou peu intelligent, mais il peut souffrir de troubles cérébraux connus sous le nom de handicaps invisibles, tels que la dyslexie, la dyscalculie, les difficultés d'orthographe et d'orientation dans le temps et l'espace, ainsi que des symptômes d'autisme ou d'hyperactivité et de déficit de l'attention."

Le spécialiste en pédiatrie a confirmé que ces cas nécessitent un diagnostic précis et une intervention pluridisciplinaire. Il a déclaré : "Nous travaillons à évaluer la situation de l'enfant en collaboration avec des médecins et des spécialistes, et lorsque nous confirmons la présence d'un trouble, nous cherchons à le soutenir par des moyens pédagogiques et éducatifs spécifiques. Certains enfants ont par exemple besoin de temps supplémentaire lors des examens, ou de quelqu'un pour écrire à leur place, ou de répondre oralement au lieu d'écrire."

Il a ajouté : "Lorsque nous fournissons ce soutien, l'enfant acquiert progressivement de nouvelles compétences et peut continuer sa vie normalement. Mais si le diagnostic n'est pas posé, l'enfant peut quitter l'école prématurément, ce qui l'expose au risque de délinquance ou de vie dans la rue."

Samira Lghrib, présidente de l'Association marocaine de la dyslexie, a expliqué que le diagnostic ne se fait pas directement, mais commence généralement par une observation des enseignants, puis l'enfant est orienté vers une commission pluridisciplinaire comprenant des spécialistes en psychologie, orthophonie, kinésithérapie neurologique et éducation spécialisée.

Lghrib a ajouté à Hespress que "les troubles d'apprentissage sont variés; ils ne se limitent pas à la dyslexie, mais incluent aussi les difficultés d'écriture, de calcul et autres."

Selon Lghrib, l'enfant suit une période de suivi initiale d'environ six mois avant que le diagnostic final ne soit établi. Elle a poursuivi : "Ce handicap ne disparaît pas, mais accompagne l'enfant toute sa vie, mais son intensité peut être atténuée grâce à des séances thérapeutiques régulières, ce qui lui permet de s'adapter à son parcours scolaire et de poursuivre son apprentissage à différents niveaux, de l'école primaire à l'enseignement supérieur."

Lghrib a abordé les défis de la vie scolaire en déclarant : "La question ne concerne pas seulement l'adaptation des examens, mais aussi la vie scolaire quotidienne. L'enseignant doit déterminer la quantité de textes que l'enfant mémorise, la quantité qu'il écrit, et s'il est autorisé à utiliser une calculatrice en mathématiques ou non. Cela demande un effort supplémentaire et un défi particulier de la part de l'enseignant pour réussir l'intégration de l'élève."

Elle a ajouté que "le plus grand enjeu que nous visons est la généralisation des formations sur les troubles d'apprentissage à tous les niveaux, avec la participation de la société civile, afin que la mise en œuvre du projet d'éducation inclusive soit efficace et réponde aux attentes des enfants et de leurs familles."