Après avoir longtemps soutenu le Parti démocrate, Samra Luqman est devenue une fervente supportrice de Donald Trump lors de sa campagne électorale de 2024, aidant à mobiliser le soutien des Arabes-Américains à Dearborn, dans le Michigan, dans l'espoir qu'il puisse mettre fin à la guerre de Gaza.

Maintenant, après que Trump a aidé à médiatiser l'accord de cessez-le-feu, Samra se sent immensément heureuse et quelque peu justifiée dans sa position après des mois de critiques de la part de voisins en colère du soutien de Trump à Israël.

Samra, une Américaine d'origine yéménite, a déclaré : « C'est presque un moment qui me permet de dire 'J'avais raison.' » Elle a ajouté : « Aucun autre président n'aurait pu forcer Bibi à accepter le cessez-le-feu », utilisant le surnom du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Samra et d'autres partisans de Trump parmi les Arabes-Américains interrogés par Reuters ont exprimé un optimisme prudent quant à l'accord récemment conclu, mais ont dit craindre qu'Israël ne viole le cessez-le-feu comme cela a été le cas par le passé à Gaza et au Liban.

Mike Hisham, conseiller politique américano-libanais résidant à Dearborn et participant activement à la campagne de Trump en 2024, a déclaré : « Nous retenons tous notre souffle. »

Il a ajouté : « Il faut rendre à César ce qui est à César... mais ce n'est pas un accord de paix. C'est juste la fin d'une guerre sanglante, et ces vies perdues des deux côtés, israélien et palestinien, ne reviendront pas. »

Optimisme prudent et méfiance

Les frappes aériennes israéliennes sur le Qatar et d'autres pays arabes ces derniers mois ont alimenté la méfiance envers Israël parmi les habitants d'origine arabe du Michigan, qui dépassent les 300 000. Mais l'accord représente la plus grande avancée à ce jour pour mettre fin à une guerre déclenchée il y a deux ans et que les autorités sanitaires palestiniennes estiment avoir tué plus de 67 000 personnes à Gaza.

Outre le cessez-le-feu, l'accord prévoit la libération des 20 derniers des 250 prisonniers détenus par le Hamas lors de l'attaque qui a déclenché la guerre le 7 octobre 2023, qui, selon le gouvernement israélien, a fait plus de 1 200 morts.

Cela intervient après des mois de frustration croissante parmi les Arabes-Américains face à ce qu'ils considéraient comme l'échec de Trump à maîtriser Netanyahu et à mettre fin à la guerre.

Selon plus de dix électeurs arabes-américains ayant soutenu Trump dans le Michigan l'an dernier et ayant parlé à Reuters récemment, beaucoup étaient préoccupés par le renouvellement par Trump de l'interdiction d'entrée aux citoyens de plusieurs pays à majorité musulmane et par ses campagnes contre la liberté d'expression ciblant les manifestants pro-palestiniens.

Beaucoup de ceux interrogés ont également été déçus que le soutien des Arabes-Américains – qui ont contribué par des milliers de voix à la victoire de Trump dans le Michigan – ne se soit pas traduit par l'obtention de postes élevés pour eux-mêmes et les musulmans dans son administration.

Il n'est pas encore clair si l'accord de cessez-le-feu influencera ces électeurs sceptiques, alors que le parti républicain de Trump fait face aux élections de mi-mandat, à l'élection du gouverneur du Michigan l'année prochaine, ainsi qu'aux élections présidentielles de 2028.

Hisham a déclaré que Trump serait salué comme un « héros de la paix » après avoir médiatisé le cessez-le-feu à Gaza, mais il a ajouté que les électeurs arabes-américains pourraient se retourner contre lui et d'autres républicains si l'accord s'effondre.

Il a poursuivi : « Nous sommes prêts à abandonner les républicains et à revenir aux démocrates. Nous avons montré à Donald Trump que nous pouvons changer notre soutien comme bon nous semble. »

Virage vers Trump

Trump a remporté le Michigan en 2024 avec plus de 80 000 voix, compensant sa défaite de 154 000 voix face au démocrate Joe Biden en 2020. Un sondage d'octobre 2024 réalisé par l'Institut arabo-américain a montré que 42 % des Arabes-Américains à l'échelle nationale préféraient Trump contre 41 % pour Kamala Harris – une baisse de 18 points par rapport au soutien à Biden en 2020.

Samra a déclaré qu'en plus de la colère face à la guerre de Gaza, la campagne de Trump en 2024 a exploité les craintes de certains membres conservateurs de ce groupe concernant la défense par les démocrates des droits des personnes transgenres. Elle a prédit que ces électeurs continueraient à soutenir les républicains.

Mais Samra a noté qu'un groupe plus large d'Arabes-Américains a voté pour Trump en 2024 « par colère » contre les démocrates, et que leur soutien continu au parti républicain dépendra probablement de ce qui se passera à Gaza.

Elle a déclaré : « Je pense qu'ils n'ont pas encore trouvé leur faction politique chez les républicains », ajoutant que la pression de Trump sur Netanyahu pourrait « renforcer la popularité de J.D. Vance lors des prochaines élections et de tout républicain se présentant aux élections de mi-mandat. »

L'imam Bilal Al-Zuhairi a rejoint Trump sur une scène dans le Michigan quelques jours avant les élections de 2024, aux côtés de 22 autres religieux, convaincu qu'il représentait la meilleure chance d'un cessez-le-feu, mais il a déclaré que de nombreux Américains d'origine yéménite ont ensuite été déçus après que Trump a rétabli l'interdiction d'entrée aux citoyens de nombreux pays islamiques.

Il a déclaré : « Maintenant, beaucoup se sentent très inquiets. Ils craignent pour eux-mêmes et leurs familles. Il y a une méfiance après l'interdiction d'entrée. »

Après avoir fait face à de vives critiques pour son soutien à Trump, le religieux yéménite-américain a déclaré avoir décidé de se retirer de la politique « qui épuise l'âme » pour se concentrer sur la religion et sa famille.

Apaiser la frustration

Richard Grenell, natif du Michigan choisi par Trump pour diriger ses efforts de communication avec les électeurs arabes-américains et musulmans, est retourné dans la région de Détroit le mois dernier pour tenir ses premières réunions avec leurs dirigeants depuis novembre. Quelle était sa mission ? Apaiser la frustration croissante et empêcher les Arabes-Américains de se tourner vers le Parti démocrate, comme ils l'ont fait après l'invasion de l'Irak par le président républicain George W. Bush en 2003.

Al-Zuhairi, Samra et des dizaines d'autres ont assailli Grenell de questions dans un café à Dearborn sur l'interdiction d'entrée et les ventes d'armes américaines à Israël. Lors d'une séance séparée, il a été interrogé sur la raison pour laquelle l'administration n'avait pas fait plus pour aider les chrétiens en Irak.

Grenell, ancien directeur par intérim du renseignement national pendant le premier mandat de Trump, a déclaré à Reuters que le dialogue est important.

Il a ajouté : « Je crois toujours que les Arabes et les musulmans du Michigan sont la clé pour gagner l'État. Je connais bien ces dirigeants, et ils veulent et méritent d'avoir accès aux décideurs politiques. »

Bien qu'il ait été confronté à des questions difficiles de la part des dirigeants arabes-américains lors de quatre événements dans la région de Détroit, Grenell a déclaré qu'il resterait en contact étroit et a affirmé l'engagement de Trump pour la paix dans le monde entier.

Il a déclaré à Reuters : « Vous ne pouvez pas vous présenter juste avant les élections et vous attendre à être une voix fiable pour n'importe quel groupe communautaire. »

Ali Al-Jahmi, 20 ans, un Yéménite-Américain qui a aidé à mobiliser les jeunes Arabes-Américains pour soutenir Trump via une vidéo sur X qui a atteint près d'un million de vues, a salué Grenell pour avoir visité Dearborn deux fois pendant la campagne de 2024.

Mais Al-Jahmi, dont la famille gère quatre restaurants dans la région de Détroit, a indiqué qu'il était trop tôt pour prédire les prochaines élections. Il a déclaré : « Trump a beaucoup promis. Eh bien, tu es venu et tu t'es montré, mais je pense toujours qu'il y a des contradictions. Dans trois ans, nous verrons ce qu'ils feront. »