Le gouvernement irakien a exprimé samedi son regret face à la décision de Washington d'imposer des sanctions à une société affiliée aux Forces de mobilisation populaire (FMP) et à des groupes et individus irakiens accusés par Washington d'aider le régime iranien à contourner les sanctions américaines.

Jeudi, le gouvernement américain a annoncé une série de sanctions visant la société "Al-Muhandis" affiliée aux FMP ainsi que des groupes et individus irakiens accusés d'entretenir des liens étroits avec Téhéran et d'aider à "éviter les sanctions américaines, la contrebande d'armes et l'augmentation de la corruption en Irak".

Bassam Al-Awadi, porte-parole du gouvernement irakien, a déclaré dans un communiqué aujourd'hui que "le gouvernement irakien considère cette action unilatérale comme très regrettable et incompatible avec l'esprit d'amitié et de respect mutuel qui a longtemps caractérisé les relations bilatérales entre les deux pays. Prendre une telle décision sans consultation ou dialogue préalable constitue un précédent négatif dans la manière de traiter entre pays alliés."

Al-Awadi a confirmé que "l'Irak rejette toute activité économique ou financière en dehors du cadre légal national, ou exploitée pour financer des groupes armés, ou à des fins contraires aux intérêts suprêmes de notre peuple", soulignant l'engagement du gouvernement "dans des procédures transparentes garantissant la protection des fonds publics et empêchant toute partie d'agir en dehors du système de l'État, sans accepter aucune tutelle ou ingérence dans les affaires intérieures."

Il a ajouté que "le Premier ministre Mohammed Shia' Al Sudani a ordonné la formation d'un comité national supérieur, comprenant des représentants du ministère des Finances, du Bureau de contrôle financier, de la Commission d'intégrité et de la Banque centrale, chargé d'examiner l'affaire concernée et de soumettre son rapport et ses recommandations dans les 30 jours, y compris les mesures juridiques et administratives nécessaires."

Un communiqué du Département du Trésor américain a indiqué que ces "groupes soutenus par l'Iran", en plus d'être responsables de la mort d'Américains, "affectent délibérément l'économie irakienne, s'emparent des ressources en exploitant l'influence et la corruption, et réduisent la possibilité d'un gouvernement irakien efficace qui rendrait la région plus sûre."

Parmi les cibles de ces sanctions figure la puissante "Kata'ib Hezbollah", que Washington considère comme une organisation terroriste et qui, selon l'ancien président américain Donald Trump, est liée à la libération de l'académique israélo-russe Elizabeth Tsurkov, kidnappée en mars 2023.

"Kata'ib Hezbollah" fait partie des FMP, une coalition de factions intégrée aux forces régulières, souvent accusée de prendre des décisions de manière indépendante.

Les sanctions ont également visé Aqil Muftin, président du Comité olympique irakien, ainsi que son frère Ali, tous deux accusés d'avoir "des liens étroits avec des responsables du renseignement du Corps des Gardiens de la révolution iranienne", et leur institution bancaire a été accusée de blanchiment d'argent iranien.

Le communiqué du Trésor américain a cité John Herlihy, sous-secrétaire au Trésor pour le terrorisme et le renseignement financier, déclarant : "Nous cherchons à perturber les réseaux de financement qui permettent à ces groupes d'opérer. Réussir à perturber leurs flux financiers est crucial pour protéger les vies américaines et notre sécurité nationale."

Les sanctions américaines comprennent le gel des avoirs détenus directement ou indirectement aux États-Unis par les entreprises et individus ciblés, ainsi que l'interdiction pour les entreprises ou citoyens américains de traiter avec eux.

Cette interdiction s'applique également aux entreprises étrangères utilisant le dollar dans leurs transactions avec les entités sanctionnées.