Le conflit entre le président américain Donald Trump et les dirigeants démocrates ainsi que la justice s’intensifie concernant le déploiement de la Garde nationale dans les États pour limiter la criminalité et poursuivre les immigrants illégaux. Trump menace récemment d’activer la loi sur l’insurrection, permettant le déploiement des forces américaines sur le territoire national sans l’approbation des gouverneurs d’État.

Des voix s’élèvent pour avertir des effets négatifs de ce conflit sur la préparation, la formation et le moral de la Garde nationale, ainsi que sur son rôle traditionnel en cas de crise, en plus du dépassement des pouvoirs présidentiels par Trump.

Le Washington Post met en garde contre un impact durable sur les villes et les forces, notant que depuis juin dernier, l’administration Trump a envoyé ou promis d’envoyer des troupes dans plus de six villes américaines, toutes dirigées par des démocrates, notamment Los Angeles, Washington D.C. et Memphis.

L’administration soutient que la force militaire est nécessaire pour lutter contre la criminalité et soutenir les agents fédéraux chargés de la campagne agressive de Trump pour expulser les immigrants illégaux présumés.

Cette semaine, Trump a intensifié ses efforts en déployant la Garde nationale à Chicago (Illinois) et Portland (Oregon), malgré les contestations judiciaires et les objections des dirigeants locaux et des gouverneurs.

Les démocrates accusent Trump et ses collaborateurs de présenter faussement leurs villes comme des zones de guerre incontrôlées pour justifier le déploiement militaire à des fins « partisanes » visant également à restreindre l’opposition politique. Le gouverneur démocrate de l’Illinois, J.B. Pritzker, a qualifié cela d’« invasion Trump ».

Cependant, certains gouverneurs républicains, comme Bill Lee du Tennessee, soutiennent les efforts de Trump, adoptant les revendications de l’administration selon lesquelles les forces sont nécessaires pour renforcer les forces de l’ordre débordées, même si la criminalité a diminué depuis les pics de la pandémie. La semaine dernière, près de 150 membres de la Garde nationale du Tennessee sont arrivés à Memphis.

Des historiens et experts de la Garde nationale ont déclaré au Washington Post que les manœuvres de Trump sont sans précédent et pourraient nuire à la préparation, à la formation et au moral de la Garde, une force généralement déployée pour répondre aux catastrophes naturelles et aux urgences. Ils s’inquiètent également de l’impact sur la réputation de la Garde dans les communautés méfiantes envers les forces de l’ordre, où l’armement des agents d’immigration et de la police locale a attisé la peur.

William Enyart, général de brigade à la retraite de la Garde nationale de l’Illinois et ancien membre démocrate du Congrès, a déclaré que la Garde a prouvé sa fiabilité pour aider la nation et les communautés, mais que son mauvais usage dans un rôle pour lequel elle n’est pas formée ne fera que causer du tort.

Les opposants sont d’autant plus inquiets que Trump a suggéré lors d’une réunion de hauts responsables militaires de privilégier les menaces internes aux ennemis étrangers et de se concentrer sur les villes américaines pour mener une « guerre intérieure ». Trump a déclaré : « Nous devrions utiliser certaines de ces villes dangereuses comme terrains d’entraînement pour notre armée – la Garde nationale, pas l’armée. » Le maire démocrate de Chicago, Brandon Johnson, a qualifié ces propos d’« imprudents » et « dangereux ».

L’agence Associated Press considère que Trump a déjà dépassé les limites traditionnelles du pouvoir en utilisant la Garde nationale au niveau local, envisageant un rôle militaire fort dans les questions d’immigration illégale et de criminalité dans les villes américaines. Ses tentatives de déployer des membres de la Garde nationale de Californie en Oregon et de la Garde du Texas en Illinois reflètent un excès de pouvoir présidentiel. Les recours juridiques déposés par ces États dirigés par des démocrates devraient probablement aborder des questions constitutionnelles et fédérales, ouvrant la voie à un affrontement potentiel entre les tribunaux et l’utilisation excessive de la Garde par Trump.

En général, le contrôle de la Garde nationale d’un État revient au gouverneur, sauf si les unités sont déployées au niveau fédéral, comme en Californie malgré les objections du gouverneur. Le gouverneur décide du déploiement ou de l’envoi de la Garde dans d’autres États pour aider en cas de catastrophes naturelles. Trump a personnellement commandé la Garde nationale à Washington D.C.

Trump a affirmé que les autorités locales ont échoué à protéger les communautés, citant plusieurs villes dirigées par des démocrates comme exemples, décrivant Portland comme une « ville en proie aux émeutes », une « zone de guerre en flammes » et « vivant en enfer ».

Cependant, la loi Posse Comitatus, vieille de près de 150 ans, limite le rôle de l’armée dans l’application des lois locales, reflétant la conviction américaine que l’application de la loi doit rester entre les mains des civils.

Trump menace d’utiliser la loi sur l’insurrection si les tribunaux continuent d’empêcher le déploiement de la Garde nationale dans différentes villes américaines. S’il l’active, il serait le premier président en plus de 60 ans à utiliser cette loi de 1807 permettant de déployer des forces américaines pour réprimer des troubles locaux sans l’approbation de l’État, selon Axios.

Trump a déclaré aux journalistes à la Maison Blanche : « Jusqu’à présent, ce n’était pas nécessaire, mais nous avons la loi sur l’insurrection pour une raison. » Il a ajouté : « Si des gens sont tués et que les tribunaux, les gouverneurs ou les maires nous empêchent, je le ferai certainement », faisant référence à l’activation de la loi.

Plus tôt cette année, Trump avait failli activer cette loi en envoyant environ 700 Marines à Los Angeles pour gérer les manifestations contre les descentes de la douane et de l’immigration, malgré l’opposition des responsables californiens.

Les récentes déclarations de Trump interviennent après qu’un juge fédéral de l’Oregon a temporairement bloqué sa deuxième tentative de déployer la Garde nationale, après l’annonce de l’envoi de forces de Californie à Portland.