Gaza (Territoires palestiniens) (AFP) - Jeudi, l'armée israélienne a annoncé contrôler 40 % de la ville de Gaza, la plus grande ville de l'enclave palestinienne assiégée et dévastée, et se prépare à en prendre le contrôle total lors d'une nouvelle offensive. Parallèlement, la défense civile du secteur a rapporté au moins 64 Palestiniens tués depuis l'aube.

Le porte-parole de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a déclaré dans une vidéo : « Aujourd'hui, nous contrôlons 40 % de la ville de Gaza. L'opération continuera de s'étendre et de s'intensifier dans les prochains jours », ajoutant : « Nous augmenterons la pression sur le Hamas jusqu'à sa défaite ».

La défense civile a annoncé au moins 64 morts dans des frappes israéliennes à travers le secteur jeudi.

Israël a intensifié ses frappes autour de la ville de Gaza ces derniers jours et poursuit son plan de contrôle de l'enclave palestinienne malgré la pression internationale et intérieure croissante appelant à la fin de la guerre à Gaza, où l'ONU a déclaré la famine le mois dernier.

La semaine dernière, l'armée israélienne a déclaré la ville de Gaza « zone de combat dangereuse » et a confirmé la nécessité de son évacuation. Cependant, le Comité international de la Croix-Rouge a jugé l'évacuation « impossible », affirmant que les plans étaient « irréalisables ».

Le bombardement par des avions de guerre israéliens d'une tente de déplacés près du rond-point Abu Mazen à l'ouest de la ville de Gaza a tué cinq personnes, dont trois enfants, tous de la famille Bassous, selon la défense civile.

L'armée israélienne a déclaré à l'AFP qu'elle examinait des rapports comprenant le moment et les coordonnées de ces attaques.

Hiyam Bassous a déclaré : « Des enfants, des enfants, qu'ont fait ces innocents ? Qu'ont-ils fait à l'État d'Israël ? Portaient-ils un couteau ou une arme ? »

Des images de l'AFP montraient des tentes pour déplacés éparpillées au sol, certaines brûlées et tachées de sang, au milieu de la stupeur de plusieurs enfants.

Le sol de la morgue de l'hôpital Al-Shifa était encombré de corps, tandis que des hommes à l'extérieur priaient pour certains d'entre eux.

Les rapports de la défense civile indiquent que des dizaines de personnes sont tuées presque quotidiennement dans les opérations israéliennes à Gaza, où l'armée assiège près de deux millions d'habitants depuis 23 mois.

Tess Ingram, porte-parole de l'UNICEF à Al-Mawasi (sud), après une visite à Gaza, a déclaré : « L'impensable a commencé. Sans fourniture immédiate de nourriture (...) davantage d'enfants mourront de faim ».

AFP ne peut pas vérifier de manière indépendante les informations de l'armée israélienne ou de la défense civile palestinienne en raison des restrictions imposées aux journalistes à Gaza et de la difficulté d'accès aux sites ciblés.

Dans le centre du secteur, sept personnes, dont trois enfants, ont été tuées dans une frappe aérienne israélienne sur une tente de la famille Abu Al-Eish à l'ouest du camp de Nuseirat, selon la défense civile.

Yousef Suleiman, un homme âgé qui a perdu son neveu, sa femme et leurs deux enfants dans la frappe, a déclaré que le bombardement a eu lieu à 4 heures du matin. Il a ajouté : « Ils ont bombardé la terre où nous vivons, mon neveu, sa femme et leurs deux fils ont été martyrisés, la tente et tous ceux qui s'y trouvaient ont disparu ».

Umm Nabil Al-Eish, une résidente de Gaza qui a également perdu des proches, a déclaré : « Ils nous ont affamés, assoiffés, déplacés et tuent nos enfants, et le monde regarde ».

Les estimations de l'ONU indiquent qu'environ un million de personnes vivent dans la ville de Gaza et ses environs, la zone que l'organisation internationale a déclarée en famine fin août.

Des témoins oculaires ont rapporté que des milliers de Palestiniens ont fui la ville ces dernières semaines.

Un haut responsable militaire a déclaré mercredi qu'Israël s'attend à un déplacement de « un million » de personnes vers le sud. Jeudi, un porte-parole de l'armée israélienne a accusé le Hamas de menacer les civils dans une tentative « d'empêcher leur départ de la ville ».

Mercredi, des manifestations ont eu lieu à Jérusalem pour demander au gouvernement d'approuver un cessez-le-feu à Gaza garantissant la libération des otages. De nouvelles manifestations ont été organisées jeudi soir à Jérusalem pour demander la fin de la guerre.

La guerre à Gaza a éclaté après une attaque du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a fait 1 219 morts, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes.

Les attaques et opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza ont fait au moins 64 231 morts, principalement des civils, selon les derniers chiffres du ministère de la Santé dirigé par le Hamas, considérés comme fiables par l'ONU.

Sur le plan diplomatique, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Sa'ar, a informé son homologue français Jean-Noël Barrot lors d'un appel téléphonique jeudi que l'État hébreu refuse la visite du président français Emmanuel Macron à moins qu'il ne renonce à son intention de reconnaître l'État de Palestine.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a également condamné les propos de la vice-présidente de la Commission européenne concernant une « extermination » à Gaza.

La vice-présidente de la Commission européenne, Teresa Ribeiro, a dénoncé jeudi ce qu'elle a qualifié d'« extermination » à Gaza, critiquant l'inaction des pays de l'UE pour y mettre fin.

Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Oren Marmurstein, a écrit jeudi sur X : « Nous condamnons fermement les allégations infondées faites par la vice-présidente de la Commission européenne ».

Il a ajouté : « Au lieu de répéter l'accusation d'« extermination » diffusée par le Hamas, Ribeiro aurait dû appeler à la libération de tous les otages et exhorter le Hamas à déposer les armes pour mettre fin à la guerre ».

Par ailleurs, le Hamas a annoncé dans un communiqué qu'une délégation du mouvement dirigée par Khalil al-Hayya, chef du mouvement à Gaza, « a rencontré le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi et sa délégation accompagnante dans la capitale qatarie Doha aujourd'hui, jeudi, et a passé en revue les développements politiques et les dernières nouvelles sur l'agression sioniste continue contre la bande de Gaza ».