Des milliers de personnes ont manifesté samedi à Venise en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, en marge du Festival de Venise, marqué par une forte dimension politique.

Les manifestants, répondant à l'appel d'organisations de la région de Venise, se sont arrêtés à l'entrée du festival, sous une forte surveillance policière. Des pancartes appelant au boycott d'Israël et à "mettre fin au génocide" ont été brandies, accompagnées de nombreux drapeaux palestiniens.

De nombreux participants ont scandé "Palestine libre", slogan largement utilisé dans les manifestations pro-palestiniennes à travers le monde.

Marco Siutola, ingénieur en logiciel de 31 ans ayant participé au mouvement, a déclaré : "L'industrie du divertissement a une large portée, ils doivent donc prendre position sur Gaza."

Il a ajouté : "Je ne dis pas que tout le monde doit parler du génocide, mais au moins tout le monde doit prendre position, car ce n'est pas une question politique, c'est une question humanitaire."

Claudia Bogi, enseignante portant le drapeau palestinien, a déclaré : "Nous savons tous ce qui se passe, et cela ne peut pas continuer ainsi."

Le festival doit projeter mercredi le film "La Voix de Hind Rajab" en compétition officielle. La réalisatrice tunisienne Kawthar Ben Hania y raconte l'histoire de la mort d'une fillette palestinienne de six ans le 29 janvier 2024 à Gaza, ainsi que celle de plusieurs membres de sa famille, alors qu'ils tentaient d'échapper aux bombardements. Des enregistrements audio utilisés dans le film, de l'appel entre Hind Rajab et la Croix-Rouge palestinienne avant sa mort, ont profondément ému le public mondial. La projection du film suscite un grand intérêt au festival.

De nombreux artistes ont exprimé leur soutien aux Palestiniens lors du Festival de Venise ces derniers jours, dont la réalisatrice marocaine Maryam Touzani et son mari, le réalisateur Nabil Ayouch, qui ont porté une pancarte noire sur laquelle était écrit "Arrêtez le génocide à Gaza" sur le tapis rouge vendredi soir.

Maryam Touzani a déclaré samedi : "Je pense qu'il est nécessaire que nous fassions tous entendre nos voix. Je veux que tout le monde puisse exprimer son opinion à ce sujet et élever la voix."

Jeudi, le réalisateur grec Yorgos Lanthimos a porté une épingle aux couleurs du drapeau palestinien lors de la conférence de presse de son long métrage "Bugonia". L'ouverture du Festival de Venise a été marquée par une lettre ouverte écrite par le groupe "Venise pour la Palestine", fondé par dix réalisateurs italiens indépendants, condamnant la guerre à Gaza.

Fabio Massimo Luzi, l'un des fondateurs du groupe, a déclaré : "L'objectif de la lettre était de mettre Gaza et la Palestine au centre de l'attention publique à Venise, et c'est ce qui s'est passé."

Il a ajouté : "Nous sommes très surpris par le nombre de réactions", confirmant que la lettre a recueilli deux mille signatures, dont celles de célébrités du cinéma mondial telles que Ken Loach, Audrey Diwan et Abel Ferrara.

Le directeur artistique du Festival de Venise, Alberto Barbera, a déclaré à l'AFP que le festival "ne prend pas de positions politiques directes" tout en exprimant sa sympathie pour la situation tragique à Gaza.