L'agence américaine Immigration and Customs Enforcement (ICE) a annoncé la reprise d'un contrat de 2 millions de dollars avec Paragon Solutions pour utiliser le logiciel espion avancé "Graphite", capable de pirater les smartphones et d'accéder à leurs données cryptées.

Cette décision intervient après que l'ancien président Donald Trump a levé l'ordre de suspension de travail de l'administration Biden d'octobre 2024, qui visait à revoir la conformité du contrat avec l'ordre exécutif de 2023 limitant l'utilisation de logiciels espions commerciaux menaçant les droits humains ou la sécurité nationale.

Selon des rapports du Washington Post et du Guardian, le programme "Graphite" développé par Paragon Solutions permet un contrôle total des téléphones ciblés, y compris le suivi de localisation, la lecture des messages, l'affichage des photos et l'accès à des applications cryptées comme WhatsApp et Signal.

Le téléphone peut également être transformé en dispositif d'écoute en activant à distance le microphone, suscitant de vives inquiétudes concernant la vie privée, surtout avec les plans de Trump d'élargir les expulsions massives de migrants.

L'administration Biden avait suspendu le contrat après des rapports d'utilisation de "Graphite" en Italie contre des journalistes et des militants des droits humains, y compris des personnes liées à l'organisation "Mediterranea Saving Humans" sauvant des migrants, et des proches du pape François.

Des rapports de Citizen Lab et WhatsApp en janvier 2025 ont confirmé que le programme avait ciblé environ 90 personnes, ce qui a poussé Paragon à rompre ses liens avec le gouvernement italien après que ce dernier a refusé d'enquêter sur les violations.

Cet incident a suscité de vives critiques, des organisations de défense des droits humains comme Human Rights Watch avertissant que l'utilisation de tels outils par l'ICE pourrait entraîner de larges violations des droits des migrants, des journalistes et des militants.

Paragon a été fondée en Israël en 2019 par Ehud Shneorson, un ancien commandant de l'unité 8200 israélienne, et a reçu d'importants investissements, notamment 500 millions de dollars de la société américaine AE Industrial Partners en 2024, ce qui en fait une entreprise à propriété américaine.

Bien qu'elle se présente comme une entreprise éthique comparée à ses concurrents comme NSO Group, la controverse autour de Graphite reflète d'importants défis éthiques, notamment son utilisation potentielle pour surveiller les migrants sans contrôle judiciaire suffisant.

Cette décision a suscité des craintes d'aggravation des violations de la vie privée et des droits civils, surtout dans le contexte des politiques migratoires strictes adoptées par l'administration Trump.

Des organisations comme Access Now ont demandé une réévaluation du contrat, soulignant que l'utilisation d'outils comme Graphite pourrait mettre en danger la vie privée des individus, y compris des citoyens américains.