Il y a quelques jours, j'ai assisté à un atelier organisé par deux organisations, l'une égyptienne et l'autre soudanaise, portant sur l'impact de la crise du financement sur la crise humanitaire que subissent les Soudanais, en mettant l'accent sur l'Égypte, considérée comme le pays hébergeant des millions de Soudanais de différentes catégories sociales.
À la lumière de cet atelier, plusieurs observations peuvent être faites, notamment la nature des pressions subies par le réfugié soudanais, qui contribuent à une certaine confusion dans l'expression de sa crise et de ses besoins en Égypte. Cela inclut une faible adaptation à la société égyptienne, un manque de connaissance de l'environnement juridique et social, ainsi qu'une incapacité à accéder aux marchés du travail dans les pays d'accueil, ce qui complique les conditions de vie et augmente la pression sur les travailleurs soudanais à l'étranger qui financent une partie des besoins des non-travailleurs dans les pays d'accueil.
Dans ce contexte, on confond souvent le réfugié légalement enregistré auprès du HCR avec le résident en Égypte muni d'un visa touristique nécessitant un permis de séjour et son renouvellement, parmi divers types de visas d'entrée aux exigences variables. Il semble également y avoir une prise de conscience insuffisante des difficultés économiques rencontrées par l'Égypte, qui affectent ses citoyens ainsi que les réfugiés. Ce manque de compréhension accumule colère, frustration et douleur, qu'il faut reconnaître et gérer. La loi égyptienne sur l'asile, annoncée il y a plus d'un an, devait atténuer cette situation, mais malheureusement, son règlement d'application a été fortement retardé, aggravant ainsi la situation des réfugiés en Égypte avec des conséquences imprévisibles.
Il est important de souligner les efforts des organisations soudanaises en Égypte qui ont activement collecté des dons pour financer les besoins urgents au Soudan, notamment en nourriture et médicaments, réussissant à financer certains centres communautaires, en particulier au Darfour.
La crise humanitaire croissante au Soudan nécessite d'urgence l'établissement d'un cessez-le-feu humanitaire, prioritaire sur toute autre demande. Ce cessez-le-feu pourrait sauver des vies et rapprocher les positions politiques des parties en conflit, rendant possible un arrêt des hostilités.
Actuellement, le Soudan représente la plus grande crise de déplacement au monde et l'une des pires catastrophes humanitaires du XXIe siècle. L'effondrement institutionnel et le conflit militaire ont créé une réalité catastrophique où plus de 30 millions de personnes ont besoin d'aide, dont au moins 20 millions souffrent d'insécurité alimentaire aiguë. Le nombre de déplacés internes dépasse 10 millions, tandis que plus de 2,5 millions de réfugiés ont franchi les frontières vers les pays voisins.
Malgré l'ampleur de la crise, le financement de la réponse humanitaire est extrêmement limité en raison d'autres conflits mondiaux, laissant le peuple soudanais, sa faim et son insécurité presque oubliés.
En raison de cette position internationale inhumaine, les dimensions de la crise soudanaise se multiplient et s'aggravent directement à cause d'un énorme déficit de financement de la part des grandes puissances qui avaient promis un soutien mais n'ont pas tenu leurs promesses. Les agences humanitaires des Nations Unies et le HCR manquent de ressources suffisantes pour aider les nécessiteux au Soudan et à l'extérieur. Certaines régions du Darfour et du Kordofan sont devenues des poches de famine non officiellement reconnues en raison de l'absence de capacité d'évaluation. Le manque de financement a forcé une réduction des rations alimentaires jusqu'à 50 %, en excluant des composants essentiels comme les huiles et les légumineuses.
Des dizaines de milliers de personnes dans la ville assiégée d'El Fasher risquent de mourir de faim si le siège n'est pas levé ou si une aide massive n'arrive pas, ce qui pourrait être possible suite aux récents développements impliquant les forces de soutien rapide.
Le secteur de la santé soudanais a connu un effondrement catastrophique, avec plus de 70 % des établissements de santé arrêtant leurs activités localement. Cela a contribué directement à la propagation d'épidémies, notamment le choléra dans 12 États soudanais, ainsi qu'une large diffusion du paludisme et de la dengue, obligeant les autorités locales à fermer temporairement les écoles.
La tragédie s'aggrave parmi les groupes les plus vulnérables. L'UNICEF avertit que des centaines de milliers d'enfants risquent de mourir en raison de la malnutrition aiguë et du manque de vaccins, tandis que le Fonds des Nations Unies pour la population alerte sur le fait que les femmes enceintes sont privées de services d'accouchement sécurisés.
En matière d'éducation, environ 19 millions d'enfants sont hors de l'école, dont certains en Égypte qui ne fréquentent pas l'école en raison de difficultés économiques. Cela signifie généralement la perte d'une génération entière et augmente les risques de recrutement forcé au niveau local et d'activités illégales en Égypte, où les arrestations et détentions de jeunes Soudanais sont fréquentes.
Selon ces données, les besoins de financement humanitaire au Soudan sont estimés par les rapports de l'ONU à environ 6 milliards de dollars pour 2025, dont 75 % pour l'intérieur du pays et 25 % pour les réfugiés à l'étranger.
Seuls 11 % des besoins du HCR ont été couverts, l'UNICEF fait face à un déficit de financement de 60 %, et les contributions des principaux donateurs sont insuffisantes. L'Union européenne a alloué 160 millions d'euros, soit moins de 3 % du montant requis, tandis que les États-Unis ont réduit leurs contributions par rapport aux années précédentes.
En revanche, les pays du Golfe ont fourni une aide intermittente, dépourvue de mécanismes durables.
Ainsi, l'impact immédiat du manque de financement humanitaire lié à la guerre au Soudan est dévastateur, aggravant la malnutrition, l'effondrement du système de santé, l'érosion de la confiance des communautés réfugiées envers les organisations internationales, et augmentant la pression sur les pays voisins, notamment l'Égypte. Le financement reste la clé entre la poursuite de l'effondrement ou le début de la reprise. La poursuite du déficit de financement (scénario un) signifie que plusieurs régions sombreront dans la famine, les services s'effondreront, et les déplacements internes et les réfugiés vers les pays voisins s'étendront, tandis qu'une amélioration du financement (scénario deux) permettra de restaurer les programmes essentiels et le soutien humanitaire.
Il est donc nécessaire d'intensifier les campagnes de plaidoyer auprès des pays donateurs, d'augmenter le financement flexible et inconditionnel, et d'assurer sa durabilité pour au moins cinq années consécutives. Le gouvernement soudanais et les pays de la région doivent faciliter l'accès à l'aide et ouvrir des corridors sûrs. Le Caire a la responsabilité de lancer rapidement de telles initiatives, susceptibles d'être soutenues par les donateurs, compte tenu de la logistique dont dispose l'Égypte pour jouer efficacement ce rôle, à l'image des camps égyptiens à Gaza.
En résumé, le Soudan est aujourd'hui à la croisée des chemins : soit il reçoit le soutien nécessaire pour éviter l'effondrement, soit il est laissé à devenir la plus grande catastrophe humanitaire "oubliée" de notre époque, menaçant la stabilité de l'Égypte et de toute la région.
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