Un site présumé être une installation nucléaire dans l'ouest de la Syrie.

Au printemps 2025, Damas a levé la poussière de deux décennies d'isolement pour remettre son dossier nucléaire au premier plan, semblant sortir d'un long sommeil avec de vieilles questions dans une nouvelle ère. Les débuts remontent au début des années 2000, lorsque le renseignement militaire israélien a estimé que la Syrie travaillait sur un projet stratégique mystérieux au sein de la Commission de l'énergie atomique, avec des indications de coopération avec la Corée du Nord. Cette évaluation a placé Damas sous étroite surveillance de Tel Aviv et Washington.

Après des semaines de débats dans les deux capitales, des avions de chasse israéliens ont frappé le désert oriental dans la nuit du 5 au 6 septembre 2007. Quelques minutes ont suffi à réduire le bâtiment d'Al-Kibar en ruines lors d'une opération comparée par les dirigeants israéliens à la frappe de 1981 sur le réacteur irakien Osirak, affirmant le message : aucune capacité nucléaire menaçant l'existence d'Israël ne sera tolérée. Damas a qualifié le raid d'agression flagrante, tandis que Tel Aviv est restée silencieuse au début avant de reconnaître officiellement l'opération en 2018 et d'en faire une étape symbolique dans sa doctrine de dissuasion préventive.

L'enquête internationale n'a pas tardé. À Vienne, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a commencé une révision approfondie du site. Son rapport de 2011 a conclu qu'Al-Kibar était "probablement un réacteur nucléaire non déclaré" et que Damas aurait dû le déclarer.

Cependant, l'enquête a rencontré des obstacles syriens, car seule la visite d'Al-Kibar a été autorisée, tandis que d'autres sites suspects ont été refusés. Avec le déclenchement de la crise syrienne la même année, l'attention internationale s'est déplacée du dossier nucléaire aux questions humanitaires et sécuritaires, tandis qu'Al-Kibar est resté présent dans les rapports de l'AIEA et les dossiers du Conseil de sécurité comme une question en suspens.

Le changement le plus important est survenu avec l'arrivée de Hay'at Tahrir al-Sham au pouvoir à Damas, prenant des mesures vers une ouverture politique et économique. Des initiatives ont été proposées pour revenir aux organisations internationales, y compris l'AIEA.

La visite du Directeur général Rafael Grossi en juin a vu la signature d'accords dans le cadre des initiatives "Atomes pour la nourriture" et "Rayons d'espoir", confirmant que la nouvelle coopération nucléaire syrienne serait principalement pacifique et technique.

Actuellement, l'AIEA a révélé dans un rapport récent obtenu par Reuters la découverte de particules d'uranium naturel non enrichi sur un site lié à Al-Kibar, ramenant le dossier au débat technique.

Les analyses de ces particules ont indiqué que l'uranium était d'origine humaine ; ce qui signifie qu'il a été produit par un traitement chimique. Cependant, le rapport n'a pas conclu ce que signifient ces traces, tandis que les autorités syriennes actuelles ont déclaré ne pas avoir d'informations expliquant la présence de telles particules.

Cependant, Damas a permis à l'agence d'accéder à ces sites à nouveau en juin pour prélever des échantillons supplémentaires, un geste que les observateurs ont interprété comme un signe de coopération sérieuse, ouvrant la voie à la clôture du dossier après l'achèvement des analyses.

L'agence a précisé que le processus n'est pas encore terminé, et que l'évaluation des résultats offrira une opportunité de clarifier les questions en suspens et de finaliser le dossier.

Dans le contexte régional tendu, le dossier n'a pas été absent des calculs israéliens. Les résultats de l'enquête ont coïncidé avec de nouvelles opérations israéliennes à l'intérieur du territoire syrien, certaines liées à la découverte d'anciens dispositifs d'espionnage, ainsi que des déclarations du Premier ministre Benjamin Netanyahu soulignant "la prudence à l'égard de la nouvelle administration syrienne".

Par ailleurs, Damas a montré une ouverture relative à des canaux de communication indirects, au milieu de médiations régionales des Émirats arabes unis et de la Turquie pour ouvrir un dialogue sécuritaire et politique entre les deux parties.

Le dossier semble aujourd'hui plus proche de la clôture, mais la communauté internationale restera attentive au suivi de la transparence syrienne, tandis qu'Israël évoquera de temps à autre Al-Kibar dans le cadre de son récit sur la dissuasion et les frappes préventives.