Des chercheurs ont découvert que les cellules de la vessie chez les hommes sont plus susceptibles de développer sélectivement des mutations dangereuses avant même le développement du cancer de la vessie, le tabagisme étant un facteur important dans l’évolution du cancer.

Cette étude a été menée par des chercheurs de l’Université de Washington aux États-Unis et du Conseil de recherche institutionnel de Barcelone en Espagne. Les résultats ont été publiés dans la revue Nature le 8 octobre et relayés par EurekAlert.

Le cancer de la vessie est l’un des types de cancer les plus courants dans le monde. Les hommes y sont presque quatre fois plus exposés que les femmes, et le tabagisme est le principal facteur de risque environnemental connu.

Le cancer ne se développe pas du jour au lendemain. Au fil des décennies, des mutations s’accumulent dans les cellules des tissus, et certains clones acquièrent un avantage qui leur permet de croître plus rapidement que d’autres. Cette étude montre que ces différences sont déjà visibles dans les tissus sains avant l’apparition de la maladie.

Les chercheurs ont analysé des échantillons de vessie provenant de 45 donneurs, détectant des milliers de mutations et en quantifiant la quantité.

Le tabagisme stimule les mutations

Le Dr López-Pigas, chercheur à l’Institution catalane pour la recherche et les études avancées et chef du groupe de génomique biomédicale au Conseil de recherche institutionnel de Barcelone, explique : « De nombreuses mutations s’accumulent dans les tissus sains tout au long de la vie, mais ce qui importe, ce n’est pas seulement leur nombre, mais lesquelles réussissent à surpasser les autres et à s’étendre en clones — des copies de la même cellule portant les mêmes mutations ».

Il ajoute : « Nous avons observé que le tabagisme et le sexe biologique influencent directement ce processus ».

Les chercheurs ont noté des différences biologiques claires entre les hommes et les femmes. Certaines mutations chez les donneurs masculins dans des gènes liés au cancer ont donné aux cellules qui les portaient un avantage pour se développer même dans une vessie saine.

Ils ont également observé un effet notable du tabagisme. Parmi les donneurs âgés de plus de 55 ans, ceux ayant des antécédents de tabagisme présentaient une forte proportion de mutations dans le promoteur TERT, un élément de l’ADN qui réactive la télomérase, permettant aux cellules d’éviter le vieillissement et de continuer à se diviser.

Ce travail fournit la preuve que le tabac n’est pas seulement un facteur de nouvelles mutations, mais aussi un promoteur clonale, facilitant l’expansion des cellules avec des mutations préexistantes.