Lors d’une visite marquée par la prudence et la diplomatie, le Premier ministre canadien Mark Carney a tenté d’apaiser les tensions avec le président américain Donald Trump et de gagner sa faveur, tandis que les résultats de la rencontre restaient flous, révélant les profondes divergences actuelles entre les alliés traditionnels.

Carney n’a rien laissé au hasard en préparant son voyage à Washington cette semaine, y compris sa cravate. Il a dit à Trump : « J’ai porté du rouge pour vous », faisant référence à sa cravate symbolisant le Parti républicain américain.

Après des mois de différends commerciaux et des tentatives largement infructueuses pour neutraliser les menaces de Trump d’annexer le Canada, Carney continue de chercher un terrain d’entente avec le président américain.

Les objectifs de la visite de Carney étaient clairs : adoucir le ton de ses premières rencontres avec Trump, éviter de laisser entendre que le Canada deviendrait le 51e État, et entamer des discussions sur les tarifs douaniers.

CNN a rapporté que Carney a réalisé quelques progrès initiaux. Il est entré en négociations mardi avec des attentes modestes quant à sa capacité à convaincre Trump d’alléger les droits de douane élevés sur les produits canadiens, notamment l’acier, l’aluminium, les voitures et le bois. Il est reparti après avoir obtenu l’assurance de Trump que sa délégation « repartirait satisfaite ».

À la fin de la réunion, les responsables canadiens ont exprimé leur satisfaction quant au changement de ton et ont déclaré qu’ils s’attendaient désormais à des progrès concernant les droits sur l’acier, l’aluminium et l’énergie, qui peuvent atteindre 50 %. Bien qu’ils soient repartis sans résultats concrets, hormis l’engagement à négocier, le changement de ton, plutôt que les taux de droits de douane, était leur principal objectif, selon le New York Times.

Le Canada est désormais le seul membre du G7 à ne pas avoir conclu d’accord commercial pour éviter les droits de douane punitifs, ce qui affecte négativement l’économie canadienne et la position politique de Carney.

Depuis sa prise de fonction au printemps dernier, Carney a marché sur une corde raide avec Trump. Il a tenté d’atténuer la position dure de son prédécesseur Justin Trudeau, qui avait qualifié les droits de Trump de « très stupides » et l’avait accusé de faire plaisir au président russe Vladimir Poutine.

Carney a échangé des textos avec Trump sur les affaires mondiales et a jusqu’à présent évité toute critique acerbe. En même temps, il a fermement résisté aux ambitions régionales de Trump, lui disant lors de leur première rencontre au Bureau ovale en mai que le Canada « n’est pas à vendre ».

Mardi, Carney a loué la finesse de son hôte en politique étrangère, énumérant les conflits que Trump a réussi à résoudre. Il a décrit Trump comme un « président transformationnel », puis a évoqué les conflits entre l’Inde et le Pakistan, l’Azerbaïdjan et l’Arménie, avant de conclure par les récentes tentatives de Trump pour médiatiser la paix à Gaza.

De son côté, Trump a de nouveau suggéré que le Canada serait bien mieux en tant que partie des États-Unis, bien qu’il n’ait fait qu’effleurer cette idée en discutant de la suppression des droits de douane sur les voitures. Il a dit que les deux pays étaient en « conflit naturel » et a décrit Carney, ancien gouverneur de la banque centrale d’Angleterre et du Canada, comme un « homme gentil qui peut être très mauvais ».

Trump semblait réaliser qu’il avait beaucoup de travail pour réparer les relations. Dans ce qui semblait être une reconnaissance de sa mauvaise réputation au nord de la frontière, il a déclaré aux journalistes que « le peuple canadien nous aimera à nouveau » et a prédit que les Canadiens voyageraient à nouveau aux États-Unis après la conclusion d’un accord commercial.

Les propos de Trump sur la transformation du Canada en 51e État pour éviter les droits de douane ont provoqué la colère des Canadiens, qui ont annulé leurs voyages aux États-Unis en grand nombre. Selon le Bureau canadien des statistiques nationales, les visites des Canadiens aux États-Unis ont chuté de 23 % au cours des sept premiers mois de l’année par rapport à la même période en 2024, selon l’Agence France-Presse.

Accord de libre-échange nord-américain

Carney cherche à préserver et améliorer l’accord commercial nord-américain avant sa révision l’année prochaine. Trump a exprimé ses hésitations à l’égard de l’accord, laissant entendre la possibilité de conclure des accords alternatifs avec le Canada et le Mexique.

Malgré les inquiétudes croissantes du Canada quant à l’avenir de l’accord, vital pour ses exportations, Carney a préféré éviter la confrontation publique lors de sa rencontre avec Trump. Alors que Trump a évoqué une renégociation possible, le sort de l’accord reste incertain, surtout avec la persistance des droits de douane affectant des secteurs canadiens sensibles.

Malgré l’absence de résultats concrets, la visite de Carney a été considérée comme une étape vers l’apaisement des tensions. La délégation canadienne est repartie avec une meilleure impression, tandis que les dossiers en suspens restent ouverts. Le ton plus calme semble être un gain en soi dans une relation marquée par des tensions politiques.