Au cœur d’une guerre civile dévastatrice, des citoyens inquiets ont révélé que les dirigeants militaires soudanais ont signé un contrat d’armes avec le Pakistan d’une valeur de 1,5 milliard de dollars, avec un rôle saoudien non divulgué dans son financement.

Ce contrat promet d’équiper l’armée soudanaise de nouvelles capacités de combat, mais menace en même temps d’enfoncer davantage le pays dans un conflit qui a détruit des millions de vies et déstabilisé la région — un arsenal moderne pour une guerre sans fin.

Signé début août, le contrat comprend dix avions d’entraînement K-8 Karakorum convertibles en chasseurs légers, plus de 200 drones armés et de reconnaissance, ainsi que des systèmes de défense aérienne chinois inspirés du système russe S-300. Il inclut également des moteurs de rechange pour les anciens MiG-21, des véhicules blindés et des munitions à guidage de précision pour compléter le lot.

Pour le général Abdel Fattah al-Burhan, commandant des forces armées soudanaises, l’arrivée de ces armes offre une opportunité de briser l’impasse qui dure depuis des mois face aux Forces de soutien rapide dirigées par son rival Mohamed Hamdan Dagalo, connu sous le nom de « Hemeti ».

Un diplomate basé à Nairobi a déclaré : « Cela représente une amélioration significative pour l’armée soudanaise, qui peinait à égaler les capacités des Forces de soutien rapide sur le champ de bataille. » Il a ajouté que le Soudan, en proie à une hyperinflation et à un effondrement économique, ne pouvait pas financer seul un tel contrat, laissant entendre que la main cachée de Riyad était derrière.

Plusieurs responsables ont accusé l’Arabie saoudite de financer le contrat, motivés par des préoccupations liées à la sécurité de la mer Rouge et à l’influence croissante des Émirats arabes unis, qui soutiennent les Forces de soutien rapide.

Riyad, qui a parrainé les pourparlers de paix à Djeddah en 2023, a adopté une position plus ferme, misant sur une victoire militaire pour al-Burhan. Mais dans une région marquée par les rivalités, ce pari pourrait attiser les tensions plutôt que les contenir. Le théâtre de la guerre soudanaise est devenu un champ de bataille par procuration, al-Burhan s’appuyant sur un large réseau de soutiens extérieurs — Pakistan, Turquie, Iran, Russie et Arabie saoudite — dont le soutien militaire et financier est devenu central dans le cours de la guerre. Les Forces de soutien rapide reçoivent principalement des financements émiratis, des réseaux d’approvisionnement via le Tchad et la région du Sahel, ainsi que des revenus issus du commerce de l’or soudanais.

Un chercheur du think tank africain « Wathi » a déclaré : « Chaque cargaison d’armes reçue par une partie appelle une réponse de l’autre. C’est une spirale sans fin. »

Les gouvernements occidentaux avertissent que la prolongation du conflit pourrait menacer le corridor de la mer Rouge, une artère vitale pour le commerce mondial. Certains diplomates ajoutent qu’une victoire totale de l’armée soudanaise pourrait renforcer l’influence de Riyad, Islamabad et de leurs partenaires stratégiques, consolidant la présence de puissances considérées par les capitales occidentales comme des rivales dans l’une des régions maritimes les plus sensibles du monde.

Des analystes africains considèrent ce contrat comme une « impasse militaire ». Un expert en sécurité sénégalais a déclaré : « Au lieu de reconstruire un État effondré et d’entamer une transition politique, Khartoum double la mise sur la guerre... C’est un recul grave pour les perspectives de paix. »

L’Union africaine a condamné les interventions étrangères et appelé à la reprise de la voie diplomatique, mais reste en marge faute d’outils de pression efficaces.

Sur le terrain, les nouvelles armes renforcent les espoirs de victoire dans le camp d’al-Burhan, mais signifient une seule chose pour des millions de civils piégés à Khartoum, Omdurman et au Darfour : plus de morts, de destructions et de désespoir. En choisissant l’escalade militaire au détriment du règlement, les généraux soudanais et leurs alliés extérieurs risquent d’engloutir le pays dans une guerre sans fin — une guerre qui redessine les équilibres de pouvoir au Moyen-Orient et dans la Corne de l’Afrique.

Par ailleurs, la Turquie espère étendre son influence en Afrique de l’Est, tandis que la Russie et la Chine suivent de près les développements après avoir cherché ces dernières années à établir une présence militaire et économique au Soudan.