Tianjin (Chine) (AFP) - Le président chinois Xi Jinping accueille dimanche les dirigeants de la Russie, de l'Inde, de l'Iran, de la Turquie et de vingt autres pays d'Eurasie lors d'un sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai, destiné à présenter un nouveau modèle de relations internationales centré sur la Chine, dans un contexte de tensions géostratégiques croissantes et d'intensification des droits de douane américains.

Vers 19h00 dimanche (11h00 GMT), le dirigeant de la deuxième plus grande économie mondiale organise une cérémonie à Tianjin (nord) en l'honneur des participants au sommet qui se tient lundi, le premier depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.

Depuis samedi, des chefs d'État et de gouvernement d'une vingtaine de pays ainsi que des responsables d'une dizaine d'organisations internationales affluent dans cette grande ville côtière, symbole de la dynamique économique chinoise.

Le président russe Vladimir Poutine est arrivé dimanche matin à l'écart des médias, bien qu'il dirige une importante délégation politique et économique, selon les médias officiels russes et chinois.

Le Premier ministre indien Narendra Modi est arrivé samedi pour sa première visite en Chine depuis 2018, témoignant du rapprochement entre les deux géants asiatiques. Le président chinois l'a accueilli, selon l'agence officielle Chine nouvelle.

De nombreuses rencontres bilatérales sont prévues en marge du sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai.

Le sommet est soumis à des mesures de sécurité et militaires strictes, avec des véhicules blindés déployés dans certaines rues, la circulation coupée dans une grande partie de Tianjin, et des panneaux en mandarin et en russe louant « l'esprit de Tianjin » et la « confiance mutuelle » entre Moscou et Pékin.

Ce sommet est le plus important pour l'organisation depuis sa création en 2001, et se tient cette année dans un contexte de multiples crises touchant directement ses membres, de la confrontation commerciale entre les États-Unis, la Chine et l'Inde à la guerre russe en Ukraine, en passant par le dossier nucléaire iranien.

L'Organisation de coopération de Shanghai compte 10 États membres et 16 pays observateurs ou partenaires, représentant près de la moitié de la population mondiale et 23,5 % du PIB mondial. Elle se présente comme une force d'équilibre face à l'OTAN.

Cependant, des divergences existent aussi au sein de l'organisation. La Chine et l'Inde, les deux pays les plus peuplés du monde, rivalisent pour l'influence en Asie du Sud et ont connu un affrontement frontalier sanglant en 2020. Mais elles travaillent actuellement à renforcer leurs relations, notamment face aux droits de douane américains imposés par le président Donald Trump aux deux pays.

Les experts appellent à se concentrer davantage sur l'image que le sommet renverra que sur ses résultats concrets, qui restent incertains.

Une influence croissante

Dylan Luo, maître de conférences à l'université technologique de Nanyang à Singapour, a déclaré que le sommet propose « un modèle multilatéral conçu par la Chine différent des modèles dominés par les Occidentaux », soulignant que « la large participation témoigne de l'influence croissante de la Chine et de la capacité de l'Organisation de coopération de Shanghai à attirer des pays non occidentaux ».

Ce sommet est une occasion pour la Chine de montrer son influence diplomatique et sa puissance militaire, en se présentant comme un centre de stabilité dans un monde divisé.

Certains dirigeants, dont le Russe Vladimir Poutine et l'Iranien Masoud Pezeshkian, ont été invités à prolonger leur séjour jusqu'à mercredi pour assister à un grand défilé militaire à Pékin célébrant le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et la victoire sur le Japon.

À cette occasion, le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un effectue une visite rare hors de son pays isolé pour soutenir son allié Xi Jinping.

La Corée du Nord est devenue l'un des alliés les plus importants de la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine. Les renseignements sud-coréens et les agences occidentales confirment que la Corée du Nord a envoyé des milliers de soldats combattre aux côtés de la Russie.

Il n'est pas encore certain que Poutine et Kim tiendront des pourparlers lors du défilé militaire.

Environ deux semaines après sa rencontre avec Trump en Alaska, Poutine tiendra des pourparlers avec Xi mardi à Pékin. Lundi à Tianjin, il devrait rencontrer le président turc Recep Tayyip Erdoğan pour discuter du conflit en Ukraine, ainsi que son homologue iranien Masoud Pezeshkian pour aborder le dossier nucléaire iranien.

Il rencontrera également le Premier ministre indien.

Beaucoup d'alliés de Kiev soupçonnent Pékin de soutenir Moscou dans la guerre en Ukraine, mais la Chine affirme rester neutre et accuse les pays occidentaux de prolonger le conflit en armant l'Ukraine.

Un appel téléphonique a eu lieu entre le Premier ministre indien et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a exprimé sur les réseaux sociaux son espoir de voir la nécessité d'un cessez-le-feu dans son pays abordée lors du sommet, confirmant le soutien de Modi à cette question.