Bien qu'il soit décédé le 26 juillet à l'âge de 69 ans après une lutte contre la maladie, Ziad Rahbani reste présent à travers ses œuvres et son héritage artistique. Il est un phénomène artistique unique qui a combiné musique, drame et écriture satirique avec une vision critique audacieuse. Il est considéré comme une extension de l'originalité Rahbani et le troisième pilier culturel après ses parents, ayant remodelé l'identité du théâtre et de la musique arabes d'une manière très particulière.

Le théâtre Rahbani, en particulier les contributions de Ziad, a été mis en avant dans une communication présentée par la chercheuse libanaise Anne Marie Salameh intitulée « Transformations du théâtre Rahbani entre idéalisme et réalisme et influence de l'environnement nourricier », lors du colloque « Expériences théâtrales contemporaines » tenu mercredi matin au Conseil suprême de la culture à l'Opéra du Caire, dans le cadre de la 32e édition du Festival international du théâtre expérimental du Caire.

La chercheuse a étudié et analysé la trajectoire du théâtre libanais et ses grandes transformations à travers les modèles du théâtre des frères Rahbani et du théâtre de Ziad Rahbani.

Anne Marie Salameh a souligné que le théâtre reflète les problématiques de son environnement. Au Liban, pays de diversité culturelle, confessionnelle, politique et sociale, le théâtre a reflété ces intersections complexes. Les expériences théâtrales ont incarné cette réalité changeante, l'exemple le plus marquant étant la relation dialectique entre le théâtre des frères Rahbani et celui de Ziad Rahbani.

Elle a expliqué que le public libanais diversifié a permis l'émergence de différents types de pièces, du théâtre musical populaire au théâtre politique critique, en passant par la comédie et enfin le théâtre de style chanson dans lequel Ziad Rahbani excellait.

Elle a ajouté : « Les frères Rahbani ont présenté un théâtre idéaliste et rêveur qui valorise la patrie, tandis que le théâtre de Ziad Rahbani a offert un nouveau discours — réaliste, choquant et satirique — qui reflète l'effondrement interne et les contradictions de la société libanaise. »

Concernant les transformations du théâtre Rahbani, elle a déclaré : « Les frères Rahbani ont offert une vision idéaliste du Liban, une vision poétique qui célèbre la patrie et l'humain comme sacrés, tandis que Ziad Rahbani a présenté une vision réaliste, parfois satirique, qui voit la patrie épuisée et l'humain fragile, pas comme un héros légendaire. Les frères Rahbani utilisaient une langue arabe classique poétique proche du mythe, tandis que Ziad s'appuyait sur une langue parlée quotidienne proche du peuple, rendant son théâtre plus connecté à la réalité politique et sociale. »

Elle a poursuivi : « Ce passage de l'idéalisme au réalisme n'était pas qu'une transition stylistique, mais un reflet des transformations de la société libanaise elle-même, qui est passée du rêve d'un État idéal au choc de la guerre civile et des divisions internes. »

Anne Marie Salameh a conclu son intervention en soulignant que le théâtre au Liban a toujours été un acte de vie, pas un simple luxe culturel. Il est un miroir de son environnement, reflétant ses contradictions et ses transformations, influençant et étant influencé par lui. En comparant le théâtre des frères Rahbani et celui de Ziad Rahbani, on peut voir comment le théâtre libanais est devenu un espace d'expression des crises et des identités multiples, et un terrain ouvert à l'expérimentation et au renouveau.