Malgré les efforts de l’agence spatiale américaine NASA et de ses partenaires, la Chine semble avancer avec confiance vers son objectif d’atteindre la Lune, pouvant même dépasser les États-Unis dans cette course spatiale contemporaine.

Récemment, SpaceX a réussi le 10e test de son véhicule Starship, un test couronné de succès à tous égards et ayant atteint les objectifs fixés.

Dans ce contexte, l’écrivain Eric Berger a publié un article sur le site spécialisé Ars Technica, suscitant débats et inquiétudes parmi les acteurs des politiques spatiales. Après avoir analysé plusieurs expériences chinoises réussies en technologie lunaire, y compris un test d’un modèle de véhicule habité conçu pour atterrir sur la Lune, et après avoir examiné certains revers rencontrés par Starship, Berger a conclu : « Il est désormais probable que la Chine puisse poser des astronautes sur la Lune au cours de cette décennie, devançant ainsi la NASA et dominant la première phase de cette nouvelle course spatiale. »

Bien que cette conclusion puisse sembler pessimiste pour l’Amérique, elle constitue un avertissement réel. Dans un avenir proche, nous pourrions voir à la télévision le premier homme marcher sur la Lune depuis décembre 1972, mais cette fois, ce sera un Chinois.

Starship, conçu pour le système d’atterrissage humain, est l’une des deux pierres angulaires du programme Artemis de la NASA, qui vise à ramener des astronautes américains sur la Lune. La deuxième pierre angulaire est le développement de nouvelles combinaisons spatiales pour les activités extravéhiculaires.

Obstacles techniques

Dans le cadre de ce programme, la NASA prévoit d’exécuter Artemis 2 en 2026, où les astronautes orbiteront autour de la Lune. Cependant, Artemis 3, qui comprend l’atterrissage lunaire réel, dépend entièrement de la capacité de Starship à transporter les astronautes de l’orbite à la surface lunaire. De nombreux défis techniques doivent être surmontés avant cela.

Selon un autre article publié sur Ars Technica, ces défis comprennent :

    • Réutilisabilité : développer un bouclier thermique pouvant être réutilisé rapidement, ainsi que la capacité des étages supérieurs de Starship à atterrir puis à redécoller.
    • Transfert de carburant : réaliser des tests de ravitaillement en carburant en orbite terrestre basse, ce qui est crucial pour le succès des missions longues.
    • Dépôts spatiaux : concevoir et tester des dépôts de carburant cryogénique capables de réduire la perte de carburant due aux fuites thermiques au fil du temps.
    • Atterrissage lunaire : réaliser un atterrissage réussi de Starship sur la surface lunaire, un défi majeur en raison de la longueur du véhicule et du terrain accidenté de la Lune.
    • Décollage lunaire : démontrer la capacité de Starship à redécoller de la surface lunaire en utilisant son propre carburant, sans aucune infrastructure de soutien au sol.
    • Ambitions martiennes : confirmer la capacité du véhicule à atterrir sur Mars et à utiliser du carburant liquide dans les conditions difficiles de la planète rouge.

Calendrier

Bien que la date officielle d’Artemis 3 reste fixée à 2027, de nombreux experts et observateurs considèrent cette échéance irréaliste, suggérant 2028 comme une date plus logique pour le prochain atterrissage lunaire américain.

La chercheuse de SpaceX, Gwynne Shotwell, a assuré au directeur par intérim de la NASA, Steve Jurczyk, que le système d’atterrissage humain serait prêt à temps. Cependant, cette déclaration ne reflète pas nécessairement la réalité perçue par les experts, car les défis persistent et pourraient entraîner des retards.

Deux questions clés se posent : la Chine devancera-t-elle les États-Unis dans le retour sur la Lune ? Et si oui, cela aura-t-il une importance stratégique ou scientifique à long terme ?

Malgré l’avertissement explicite de Berger, il n’est pas certain que la Chine remportera définitivement cette deuxième course lunaire. Le succès du dernier test de Starship suggère que la trajectoire de SpaceX se stabilise, et que la société pourrait bientôt réaliser une série de succès précédant l’atterrissage attendu d’Artemis 3.

Un coup embarrassant

D’autre part, la Chine pourrait également rencontrer des échecs techniques qui retarderaient son projet. Cependant, si Pékin réussit à envoyer ses astronautes sur la Lune avant les États-Unis, ce serait un coup embarrassant pour le programme spatial américain, et le débat public à Washington se concentrerait sur la recherche des responsables de cette « défaite », les politiciens et les entreprises commerciales étant les principaux blâmés.

Ce retard américain n’est pas soudain, mais résulte de décennies d’échecs dans le lancement de programmes ambitieux et intégrés d’exploration spatiale, avec au moins deux tentatives abandonnées avant leur aboutissement.

Cependant, si les États-Unis et leurs partenaires parviennent à exploiter efficacement leurs capacités, ils pourraient rattraper leur retard, voire dépasser la course.

En fin de compte, la véritable victoire dans cette course pourrait ne pas dépendre de celui qui arrive le premier, mais de celui qui peut établir une présence stable et durable sur la Lune, un exploit nécessitant une coopération internationale et une vision à long terme dépassant le simple premier atterrissage.