La Grèce a adopté une loi accordant un délai de 14 jours aux demandeurs d’asile déboutés pour quitter le pays, avec des sanctions incluant la prison et des amendes pour ceux qui ne respectent pas cette obligation.

Cette nouvelle législation, qualifiée de “sévère”, prévoit des peines de prison, des amendes et l’obligation pour les demandeurs d’asile déboutés de porter des bracelets électroniques, reflétant la politique plus stricte du gouvernement de centre-droit pour dissuader les migrants en situation irrégulière.

La loi impose des peines de prison allant de deux à cinq ans aux demandeurs d’asile dont les demandes sont rejetées et qui ne quittent pas le pays dans les 14 jours. Elle prolonge également la durée de détention des arrivants sans papiers de 18 à 24 mois et supprime le droit à la régularisation pour les migrants résidant depuis sept ans. Une amende de 10 000 euros est aussi prévue pour ceux reconnus coupables d’entrée illégale.

Le ministre de l’Immigration, Thanos Plevris, a déclaré devant le parlement : “Nous sommes responsables devant les citoyens grecs, et le message aux migrants est clair : si votre demande d’asile est rejetée, vous avez deux options, la prison ou le retour dans votre pays. L’État grec ne vous accepte pas.”

Cette loi fait suite à une décision du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis prise il y a environ deux mois de suspendre les demandes d’asile pendant 90 jours après une augmentation des arrivées sur les îles de Crète et Gavdos. Rien que la première semaine de juillet, plus de deux mille personnes sont arrivées de Libye, une hausse notable malgré la forte baisse des migrants depuis 2015.

Mitsotakis a défendu cette mesure comme un message fort aux réseaux de passeurs que “la route vers la Grèce est fermée”, mais des organisations de défense des droits humains l’ont condamnée comme une violation flagrante du droit international.

La loi a suscité une large controverse dans le pays, les syndicats de juges la qualifiant de répressive, tandis que des experts et des politiciens ont critiqué le texte, estimant que la Grèce doit ouvrir des voies légales d’immigration face à une grave pénurie de main-d’œuvre et une crise démographique qui a forcé le ministère de l’Éducation à fermer plus de 750 écoles la semaine dernière en raison du manque d’élèves.

Dimitris Kairidis, ancien ministre de l’Immigration qui a régularisé la situation de 30 000 travailleurs migrants dans l’agriculture, la construction et le tourisme, a déclaré que la dissuasion est importante, “mais il est également nécessaire d’encourager l’immigration légale pour soutenir l’économie en croissance.”

De son côté, le directeur du Conseil grec pour les réfugiés, Lefteris Papagianis, a qualifié la loi de “raciste et illogique”, la considérant comme une tentative de Mitsotakis d’attirer les électeurs d’extrême droite.