Le lundi dernier, 6 octobre, le monde a assisté à un moment historique porteur d’espoir pour la justice internationale, avec la condamnation par la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye de l’ancien chef des milices Janjawid, Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman, connu sous le nom d'”Ali Kushayb”. Cette condamnation, à l’issue d’un long procès, représente une lueur d’espoir dans les ténèbres de la justice et confirme que l’impunité ne durera pas éternellement. Cependant, cette étape cruciale n’est que le début d’un processus plus large et plus profond nécessitant une responsabilité globale pour tous ceux dont les mains sont tachées du sang des innocents.
Ali Kushayb a été reconnu coupable de 27 chefs d’accusation liés à des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis dans la région du Darfour, à l’ouest du Soudan, entre août 2003 et mars 2004. Ces crimes comprenaient des meurtres, des viols, des persécutions, des tortures et des attaques contre des civils dans les villes de Kutum, Bindisi, Mukjar et Delij. Le jugement de 355 pages de la cour a confirmé que Kushayb avait ordonné, soutenu et participé à des attaques et violations étendues et systématiques ayant entraîné des massacres et des déplacements forcés.
Cette condamnation est d’une grande importance pour plusieurs raisons : il s’agit du premier jugement rendu par la CPI dans l’affaire du Darfour, de la première affaire renvoyée par le Conseil de sécurité de l’ONU en vertu de la résolution 1593 (2005) à aboutir à une condamnation, et de la première condamnation de la CPI pour persécution fondée sur le genre. Ces précédents juridiques envoient un message retentissant aux auteurs d’atrocités au Soudan et ailleurs : la justice finira par triompher. C’est une reconnaissance importante de la souffrance immense endurée par les victimes et représente une étape longtemps attendue vers la justice.
Il est essentiel de souligner qu’Ali Kushayb, avec ses crimes odieux, n’était qu’une partie d’un système plus large comprenant des criminels qui doivent être traduits en justice internationale pour être tenus responsables et jugés. La CPI continue de demander la comparution d’autres personnalités éminentes accusées de crimes similaires au Darfour, notamment l’ancien président déchu Omar el-Béchir, les dirigeants des Frères musulmans au Soudan, Ahmed Haroun et Abdel Rahim Mohammed Hussein, ainsi que tous ceux faisant l’objet de mandats d’arrêt émis par la CPI. De plus, il ne faut pas négliger les nouveaux criminels commettant des violations, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité qui continuent à verser le sang dans toutes les régions et villages du Soudan.
L’impunité pour ces individus alimente le cycle de la violence et sape tous les efforts visant à parvenir à la paix et à la stabilité. Malheureusement, le Soudan glisse à nouveau dans une spirale de violence au milieu de la guerre en cours entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide, avec des rapports renouvelés de massacres et d’attaques ciblant des groupes ethniques, évoquant des comparaisons avec les horreurs d’il y a deux décennies. Cette réalité sombre confirme que la justice sélective est insuffisante et que la paix durable nécessite une responsabilité globale pour tous les auteurs d’atrocités.
La dimension humanitaire de la justice va au-delà de la simple punition ; c’est un droit fondamental pour les victimes et une nécessité pour reconstruire des sociétés déchirées. D’un point de vue humanitaire, la justice offre aux victimes la reconnaissance de leur souffrance et une opportunité de restaurer leur dignité volée. Elle contribue à guérir les blessures profondes laissées par les conflits et aide à restaurer la confiance dans l’état de droit. Sa dimension juridique est la pierre angulaire de toute société cherchant la paix et la coexistence. Elle brise le cycle de la vengeance et fournit une base pour la réconciliation, ouvrant la voie à un avenir meilleur.
La responsabilité collective de la communauté internationale dans le soutien aux mécanismes de justice ne peut être sous-estimée. La CPI, en tant que mécanisme clé pour réaliser la justice dans les crimes les plus graves, nécessite un soutien continu pour renforcer son indépendance et sa capacité à poursuivre les auteurs. La justice n’est pas une vengeance, mais une quête déterminée pour restaurer l’équilibre moral et juridique et affirmer la valeur et la sacralité de la vie humaine.
À la lumière de cette condamnation historique, nous appelons la communauté internationale et les organisations des droits de l’homme à intensifier les efforts pour traduire en justice tous les impliqués dans ces crimes odieux. Nous exigeons la remise de tous les auteurs de violations, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, notamment l’ancien président déchu Omar el-Béchir, les dirigeants des Frères musulmans Ahmed Haroun et Abdel Rahim Mohammed Hussein, ainsi que tous ceux faisant l’objet de mandats d’arrêt de la CPI, en plus des nouveaux criminels commettant des violations, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Soutenir la CPI et renforcer son indépendance est vital pour garantir qu’aucun criminel n’échappe à la punition, quel que soit son rang ou son influence.
La communauté internationale doit également accorder une attention particulière à la situation actuelle au Soudan et œuvrer à mettre fin au cycle de violence en cours, en soulignant que toute solution politique doit inclure des mécanismes forts de responsabilité et de justice. La paix durable ne peut être construite sur l’impunité.
La condamnation d’Ali Kushayb envoie un message clair : personne n’est au-dessus de la loi, et la justice, aussi longue soit-elle, sera finalement rendue. Elle renouvelle l’espoir d’une justice globale pour les victimes du Soudan et du Darfour en particulier, et affirme que la voie de la justice, bien que longue et ardue, est la seule manière d’assurer la dignité et les droits humains. L’engagement de la communauté internationale envers les droits de l’homme et la justice doit rester ferme, et la poursuite incessante d’un monde où les auteurs d’atrocités ne trouvent aucun refuge sûr doit continuer.
* Activiste civil et défenseur des droits humains
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