La visite d’Ali Larijani à Beyrouth n’est pas venue de nulle part, mais à un moment régional et international chargé. Alors que le monde est préoccupé par le sort des négociations nucléaires avec Téhéran, la direction iranienne a choisi d’envoyer un message direct : quiconque imagine que l’Iran pourrait négocier son influence au Liban comme elle le fait sur un dossier technique se trompe.

Larijani n’est pas simplement un ancien responsable ou un envoyé de passage ; il porte un message clair de Khamenei lui-même : les armes du Hezbollah sont une ligne rouge. Pour Téhéran, les milices ne sont pas une carte secondaire mais une extension stratégique du projet nucléaire, et les abandonner équivaut à abandonner les centrifugeuses de Natanz.

Pratiquement, la visite a servi de nouvelle « certification de loyauté » au Hezbollah. C’est une assurance claire que le soutien financier, militaire et politique continue, et que l’Iran ne renoncera pas à son bras le plus fort au Levant. Pour Téhéran, tout recul sur le front de la Dahieh équivaut à une perte dans le champ des négociations avec l’Occident.

Larijani ne s’adressait pas seulement à Beyrouth, mais aussi à Washington, Paris et Bruxelles. L’équation qu’il a présentée est claire : celui qui veut un accord avec l’Iran sur le nucléaire doit coexister avec le Hezbollah et ses autres bras. C’est une nouvelle forme de chantage : de l’uranium enrichi contre les missiles de la Dahieh.

Au Liban, la visite a approfondi les divisions. Les forces pro-Téhéran l’ont vue comme un soutien aux alliés, tandis que de nombreux Libanais l’ont considérée comme une preuve supplémentaire que leur pays est géré comme une annexe du projet de la Wilaya al-Faqih. Pour eux, les armes du Hezbollah sont le principal obstacle à l’établissement d’un État souverain et indépendant.

Implications stratégiques : l’Iran unit son programme nucléaire et ses milices et refuse de les séparer. Le Hezbollah est un outil de négociation aussi important que les centrifugeuses. L’avenir du Liban se décide à Téhéran, pas à Beyrouth.

Face à ces faits, les Libanais et les Arabes sont confrontés à un choix crucial : briser le récit de la « résistance » et exposer le Hezbollah comme une milice iranienne ; construire un front national transcendant les confessions, priorisant la souveraineté et le désarmement ; mobiliser l’opinion publique arabe et internationale pour refuser que le Liban soit transformé en monnaie d’échange ; soutenir des alternatives démocratiques et souveraines permettant aux Libanais de décider de leur destin.

La visite de Larijani n’a pas changé l’équation mais l’a solidifiée : pas de concessions sur le nucléaire ni sur les milices. Cependant, les forces nationales et les peuples libres sont plus que jamais appelés à élever la voix : le Liban n’est pas une province iranienne, et l’avenir ne peut être écrit avec l’encre du Corps des Gardiens de la Révolution.

L’approche présentée dans cet article ne reflète pas nécessairement l’opinion du groupe médiatique « An-Nahar ».