Le 5 octobre, la Syrie a organisé des élections pour une nouvelle Assemblée du Peuple, marquant une nouvelle étape après des décennies de dictature politique. Les élections ont eu lieu dans la majeure partie du pays, à l’exception d’As-Suwayda et du nord-est de la Syrie, avec 1 578 candidats en lice pour 140 des 210 sièges, tandis que le président nomme le tiers restant.

La déclaration constitutionnelle du 13 mars a défini le rôle du conseil et le pouvoir du président de nommer un comité suprême supervisant l’élection des deux tiers des membres de l’assemblée, tandis que le président nomme le tiers restant pour assurer une représentation équitable et la compétence. Ce pouvoir présidentiel a suscité un large débat entre partisans et opposants.

L’expert juridique Al-Mu’tasim Al-Kilani considère ce pouvoir comme une mesure constitutionnelle exceptionnelle et temporaire visant à assurer l’équilibre politique et à protéger le processus de transition dans un contexte post-conflit. C’est un outil légal reconnu lors des phases de transition pour équilibrer la participation politique et la stabilité institutionnelle. Il a souligné que ce pouvoir ne diminue pas les droits de participation politique tant qu’il est limité dans le temps et se termine par des élections libres.

En revanche, le politicien syrien et ancien membre du parlement du régime Imad Ghlion a critiqué l’application pratique de certaines dispositions constitutionnelles, notant l’ambiguïté des pouvoirs et la fusion des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire sous le président. Il a également critiqué la formation de petites instances électorales qui ont eu un impact négatif sur le processus électoral et a déclaré que le pouvoir de nomination du président peut rééquilibrer et corriger les déficiences de l’assemblée.

L’expert économique et bancaire Dr Ibrahim Nafi’ Qushji a souligné l’importance que la nouvelle assemblée représente l’autorité du peuple comme pierre angulaire du nouveau système politique et serve d’outil central pour la reconstruction de l’État. Il a averti que les compétences faibles au sein de l’assemblée menacent la transition démocratique et la réforme institutionnelle, créant des vides juridiques qui sapent la confiance du public.

Il a noté la nécessité de règles claires pour les nominations directes afin d’assurer l’équilibre et de préserver la légitimité de la représentation populaire, soulignant l’importance de critères transparents garantissant la représentation géographique, sociale, de genre et des minorités.

Durant le règne de la famille Assad (1970-2024), la Syrie a organisé 12 cycles électoraux qui ont renforcé le pouvoir du Parti Baas et des partis alliés du Front national progressiste. Selon l’expert en sociologie Saeed Al-Bunni, aucun candidat indépendant n’a pu gagner les élections sans approbation préalable des services de sécurité, confirmant leur loyauté envers le régime contre ses opposants.