Une personne a été tuée et 17 soldats pris en otage suite à des affrontements violents dimanche entre manifestants et autorités dans le nord de l’Équateur.

L’armée a tiré “trois fois” sur Efrain Fuertes, décédé à l’hôpital de Cotacachi, à environ 100 kilomètres au nord de Quito, selon la CONAIE, la plus grande organisation indigène du pays.

Ni la police ni les forces armées équatoriennes n’ont commenté l’incident.

Plus tôt ce mois-ci, le président Daniel Noboa a annoncé une réduction des subventions sur le carburant, une mesure qu’il a dit permettre à l’État d’économiser 1,1 milliard de dollars.

Cette décision a fait augmenter le prix du diesel d’environ 1,80 dollar le gallon à 2,80 dollars (de 48 à 74 cents le litre) dans un pays où environ un tiers de la population vit dans la pauvreté.

La CONAIE a déclaré : “Nous tenons Daniel Noboa responsable et demandons une enquête immédiate et justice pour Efrain et sa communauté”, ajoutant que Fuertes était “père de deux enfants et pilier de sa famille.”

Des photos diffusées sur les réseaux sociaux montraient deux hommes au sol, dont l’un semblait blessé tandis que l’autre tentait de l’aider, avant que des soldats ne sortent d’un char et ne les frappent du pied.

Une autre organisation des droits humains, INREDH, a été la première à annoncer le décès et a indiqué qu’une autre personne était grièvement blessée et restait “dans un état critique.”

Le bureau du procureur équatorien a annoncé l’ouverture d’une enquête sur ce “meurtre présumé.”

Quelques heures plus tard, dans la même ville, les forces armées équatoriennes ont accusé les manifestants d’avoir blessé 12 soldats et pris 17 autres en otage, affirmant sur X que les soldats “escortaient un convoi alimentaire” et “ont été violemment pris en embuscade par des groupes terroristes infiltrés à Cotacachi.”

Le message était accompagné d’images de soldats ensanglantés et d’une vidéo montrant un soldat faisant face à des dizaines d’assaillants, certains armés de bâtons, qu’on entend dire : “Ne me frappez pas.”

La ministre de l’Intérieur équatorienne, Zaida Rivera, a déclaré sur X que “ce qui s’est passé à Cotacachi n’était pas une manifestation, mais une embuscade lâche menée par des groupes criminels – terroristes – qui ont attaqué nos forces armées.”

Noboa a tenté de réprimer les manifestations, déclarant l’état d’urgence le 16 septembre dans huit des 24 provinces du pays, imposant un couvre-feu nocturne dans cinq d’entre elles, accusant le gang “Tren de Aragua” d’être derrière les manifestations et avertissant que les manifestants enfreignant la loi “feront face à des accusations de terrorisme et seront emprisonnés pendant 30 ans.”

La CONAIE, qui a appelé à une grève nationale illimitée, a mené des manifestations violentes qui ont renversé trois présidents entre 1997 et 2005.

Les populations indigènes représentent environ huit pour cent des 17 millions d’habitants de l’Équateur, selon le dernier recensement.

Les chefs communautaires estiment que le chiffre réel est plus proche de 25 pour cent.