Les frappes aériennes israéliennes sur Al-Musaylih et la violation de l’espace aérien libanais font partie des messages israéliens indiquant que le Liban restera sous le feu tant que le Hezbollah ne sera pas désarmé. Cependant, les frappes visant des infrastructures civiles et des véhicules au sud du Litani visent à empêcher la reconstruction. Cela est également lié à la position américaine qui n’offre aucune garantie au Liban pour faire pression sur Israël. Les communications libanaises avec Washington et ses envoyés révèlent qu’il n’y aura pas de cessez-le-feu des violations israéliennes sans négociations directes, précédées par les progrès de l’armée libanaise dans l’inventaire des armes d’ici la fin de l’année.

La poursuite des frappes israéliennes parallèlement à l’accord de Gaza annonce la transformation du Liban en théâtre d’opérations pour imposer des conditions liées à la sécurité israélienne, en raison du déséquilibre des forces et de l’affaiblissement continu de l’État. Israël souhaite des négociations directes, une demande américaine transmise au Liban par l’envoyée américaine Morgan Ortagus et réitérée par Tom Barrack, qui sera renouvelée par le nouvel ambassadeur américain au Liban, Michael Aoun. Selon des sources diplomatiques, le Liban a également reçu des messages via des canaux américains et internationaux insistant sur la nécessité de finaliser le dossier du désarmement sous contrôle étatique, puis de négocier avec Israël sur le retrait et les arrangements sécuritaires.

L’occupation, avec le consentement américain, empêche la reconstruction, car aucun fonds n’est alloué à la reconstruction sous supervision internationale tant que les accords de cessez-le-feu, notamment concernant le retrait des armes, ne sont pas finalisés.

Le Liban sera au centre de l’attention dans la prochaine phase. Si les choses avancent selon le plan Trump, toute la région sera sous surveillance américaine, qui fait pression pour des négociations afin de parvenir à des accords sous la bannière de la “paix” telle que désirée par Israël. Le Liban est à l’agenda américain, mais son dossier s’inscrit dans le cadre de la fin du conflit avec Israël, ce qui, pour les Américains, ne peut se faire que par des négociations directes. En conséquence, Washington s’abstient de fournir des garanties au Liban pour arrêter les violations, sans encourager la guerre israélienne ; elle demande au Liban d’initier des négociations avec une représentation politique élevée, pas seulement par des comités militaires, pour parvenir à des ententes avec Israël.

Par conséquent, la prochaine phase pourrait voir une course entre l’escalade militaire israélienne ressemblant à une guerre contre le Hezbollah et les efforts de Washington pour faire pression sur le Liban afin de finaliser le plan de désarmement et de négocier. Alors qu’Israël prétend que le Hezbollah reconstruit ses capacités militaires, elle étend son occupation dans la zone frontalière, augmentant la pression sur l’État et refusant de se retirer des points qu’elle considère comme faisant partie de la zone tampon avant toute négociation, y compris les points qu’elle contrôle entre le Liban et la Syrie, notamment le poste d’observation du Mont Hermon qui surveille la Békaa libanaise et Damas.

Selon des sources diplomatiques, Israël cherche à imposer un fait accompli ; plus l’occupation dure, plus il devient possible de parvenir à des arrangements sécuritaires dans la zone occupée.

Pendant qu’Israël fait pression sur le Liban, le Hezbollah continue de rejeter la responsabilité sur l’État sans avancer dans l’aide à l’extension de son contrôle. Le désarmement sous autorité étatique fait partie du renforcement de sa puissance et de ses options face à Israël. Continuer à accuser l’État est une fuite des engagements, car le gouvernement n’est pas responsable d’empêcher la reconstruction ni d’obtenir le retrait sans être capable, en contrôle et avec l’autorité décisionnelle. La responsabilité nationale face à l’occupation ne consiste pas à saper l’État, à augmenter sa faiblesse et à fournir des excuses face aux dangers que le Liban reste un théâtre de guerre israélienne.