Larijani participant à la commémoration de Nasrallah. (AFP)

Alors que le gouvernement libanais tente de contenir le Hezbollah et de désarmer ce dernier, en raison des répercussions sur la position de l’État, son attractivité pour la reconstruction, l’investissement et la diplomatie, le Guide suprême de la République islamique, Ali Khamenei, est intervenu via un discours prononcé en son nom lors de la célébration organisée par le Hezbollah à l’occasion de l’anniversaire de l’assassinat d’Aminieh Al-Amin et des deux ans de Hassan Nasrallah et Hashim Safi al-Din, pour informer tout le monde que l’Iran soutient le parti “de toutes ses forces”. Ainsi, Khamenei a couronné les positions favorables au volet militaire du Hezbollah émises par des figures hardline en Iran, notamment le Corps des Gardiens de la Révolution iranienne et le président du Parlement Mohammad Bagher Ghalibaf.

Cette prise de position de Khamenei est intervenue quelques heures seulement après que le Premier ministre libanais Nawaf Salam ait fait part au secrétaire général du Conseil suprême iranien, Ali Larijani, de son objection à l’ingérence iranienne en faveur du Hezbollah au détriment de la décision gouvernementale. Larijani lui-même a informé le secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naim Qassem, après sa rencontre avec Salam, que l’Iran est présente à tous les niveaux de soutien.

L’Iran “ne plaisante pas” dans le renforcement du moral du Hezbollah ; elle a besoin de toutes ses cartes, quel que soit son état, à cette étape plus que jamais, car, comme l’a montré le retour des sanctions de l’ONU contre elle selon le mécanisme du “snapback”, elle est entrée dans ses jours les plus délicats à ce jour. Ces nouvelles sanctions sont arrivées à un moment où la République islamique souffre énormément à tous les niveaux financier, économique, social et militaire, et il ne lui reste plus qu’à perturber tous les projets américains et européens au Moyen-Orient, avec le Liban en son cœur.

Pour atteindre cet objectif, le Hezbollah ne se soucie pas de la possibilité qu’Israël intensifie ses opérations militaires contre lui, ni d’engager une bataille avec l’État libanais. Certains estiment que le parti n’a plus rien à offrir à l’Iran sauf la préparation au martyre, une bataille appelée religieusement : la bataille de Karbala.

Le prix que le Liban paie et paiera en raison de l’alignement du Hezbollah avec l’Iran, dans ce que le cheikh Naim Qassem a appelé “confusion” entre lui et le parti, malgré la prise de conscience générale de sa gravité, personne au Liban n’est capable de l’affronter ; ceux qui ont la volonté sont impuissants, et ceux qui ont la capacité s’abstiennent !

Le prix que le Liban pourrait payer, en raison du lien du parti avec l’Iran d’une part et de l’incapacité du gouvernement d’autre part, a été communiqué à tous, que ce soit lors de réunions à huis clos ou dans des déclarations publiques, notamment celles faites par l’envoyé américain Tom Breack ou le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu depuis la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies !

Par conséquent, le Liban est destiné à vivre une nouvelle phase où l’État reste faible malgré les efforts pour le renforcer, où la destruction augmente au lieu de la reconstruction, où la guerre se renouvelle au lieu que la paix règne, où l’investissement fuit au lieu d’être attiré, et où la liste des morts continue de croître au lieu que la vie impose ses règles !

En conclusion, l’Iran mène sa dernière bataille contre les sanctions, une bataille qui peut être courte mais très impactante. Plus la pression s’accentue, plus il est probable qu’elle utilise ses outils régionaux, ce qui annonce plus de tensions et d’effondrements dans les pays du Moyen-Orient, en particulier ceux qui souffrent déjà de fragilité politique et économique. Le Liban, dans ce contexte, semble le plus vulnérable à l’effondrement à moins qu’un examen radical de sa relation avec l’axe iranien ne soit effectué.