Bien que la crise politique étouffante que traverse actuellement la France soit purement interne, les cercles politiques et médiatiques à Paris insistent à chaque fois pour impliquer l’Algérie dans leurs débats, ce qui conduit à penser que les élites françaises sont convaincues que la crise sans précédent avec l’Algérie a jeté une ombre sur la scène intérieure française et compliqué davantage la situation.

Cette situation est résumée par un titre provocateur dans le magazine français d’extrême droite “Marianne” sur son site internet jeudi dernier, alors qu’il traitait d’un article sur la perception mondiale de la France au cœur de cette crise politique sans précédent. Le magazine a écrit sous le titre : “Pauvre France ! Une scène pitoyable : le chaos politique français vu d’Algérie, ou de Russie, ou de Chine.” Le titre révèle l’importance accordée à l’Algérie, la plaçant au même niveau que la Chine et la Russie !

Un autre média du même courant, l’hebdomadaire “Le Point”, a également montré l’intérêt que les Français, ou du moins certains d’entre eux, portent à la position des élites algériennes concernant ce que la France traverse ces dernières semaines, une situation politique ressemblant à celle vécue par les Français à la fin des années 1950, lorsque la Quatrième République française est tombée sous les coups de la révolution de libération.

Le magazine a présenté un aperçu de la manière dont les médias algériens ont traité la crise en France sous le titre : “L’eau s’infiltre dans le ‘Titanic’ français : la crise politique du point de vue algérien.” Il est notable que le magazine ait repris un article d'”Echorouk” publié la semaine dernière, qui abordait les prémices du discours électoral attendu de l’ancien ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau lors de la prochaine élection présidentielle, centré sur la cible de l’Algérie, de sa communauté et de ses intérêts, basé sur des déclarations récentes dans la presse.

Le même magazine a cité des extraits d’un article paru dans le quotidien gouvernemental algérien “El Moudjahid” jeudi 9 de ce mois, intitulé : “Le gouvernement Lecornu n’a tenu que 14 heures : un séisme politique en France.” Il écrivait : “Ainsi, trois gouvernements se sont enlisé dans un débat tendu et stérile en un peu plus d’un an, tandis que la France continue de s’enfoncer et d’inquiéter ses partenaires européens.”

Dans une émission-débat sur la chaîne d’extrême droite française “CNews”, diffusée de mercredi soir à jeudi, consacrée au rôle du président français Emmanuel Macron dans la crise qui secoue la France, l’animateur de l’émission, Gautier Loubery, a tenu le maître du palais de l’Élysée responsable de la situation de la Cinquième République, désormais menacée d’effondrement à tout moment en raison de l’entêtement de Macron à rester à la présidence malgré son incapacité à former un gouvernement.

Alors que Loubery posait des questions aux invités, il a insisté pour impliquer l’Algérie dans la crise que traverse son pays, affirmant que Macron avait affaibli la position de la France en tant que puissance mondiale en raison de son échec à gérer le dossier de la guerre russo-ukrainienne ainsi que la crise au Moyen-Orient, en référence à l’agression sioniste contre la bande de Gaza. Le journaliste français a également déclaré que Macron avait échoué dans la gestion de la crise avec l’Algérie.

Auparavant, l’ancien ministre de l’Intérieur français dans le gouvernement déchu de François Bayrou, Bruno Retailleau, avait laissé entendre que parmi les raisons ayant conduit à l’effondrement des négociations de formation du gouvernement par le Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu figurait le fait de ne pas avoir confié le dossier des visas au ministère de l’Intérieur. Cette question a éclaté après que le ministère français des Affaires étrangères, par l’intermédiaire de son bras “Campus France”, a révélé l’augmentation du nombre de visas accordés aux étudiants algériens, dans une posture qui a défié le ministre de l’Intérieur qui avait plaidé à plusieurs reprises pour zéro visa pour les Algériens.